Itinéraires de désherbage innovants : quels résultats en 2020 sur Herbinnov ? Nos réponses à vos questions.

Des itinéraires de désherbage innovants ont été mis en place en 2020 sur céréales, maïs, betteraves et colza sur la plateforme Herbinnov Centre. Quels en ont été les résultats en termes d’efficacité de désherbage ? De gain d’Indice de Fréquence de Traitement (IFT) ? De préservation des sols et d’environnement ? Damien Beaujouan (agriculteur dans le Loir-Et-Cher), Jean-Louis Chevrier (ingénieur Conseil, Cultures et Environnement chez Bayer) et Magalie Devavry (responsable technique Herbicides Céréales, IV et régulateurs chez Bayer) répondent à vos questions.

Sur la plateforme HERBINNOV Centre, pour gérer une forte infestation en vulpin (400 pieds/m2), différentes pratiques culturales et programmes de désherbage ont été mis en place sur céréales, maïs, betteraves et colza.

Ils ont été complétés par des itinéraires de désherbage innovants comme le désherbage mécanique associé à un traitement sur le rang en maïs et betteraves, la herse étrille en céréales ou encore, le recours à des plantes compagnes en colza. Quels en sont les enseignements : quel niveau d’efficacité de désherbage, de gain d’IFT, de préservation des sols et d’environnement ?

Damien BEAUJOUAN, agriculteur hébergeur de cette plateforme localisée à Roches, dans le Loir-et-Cher vous fait part de son retour d’expérience sur ces itinéraires de désherbage innovants. Jean-Louis Chevrier, Ingénieur Conseil, Cultures et Environnement et Magalie Devavry, Responsable Technique Herbicides Céréales-IV-Régulateurs chez Bayer, apportent également leur analyse sur les différents résultats obtenus...

Quel outil est utilisé pour le faux-semis ?

Damien Beaujouan : Pour l’instant, un déchaumeur à disque indépendant. Je projette d’essayer une herse à paille pour travailler encore plus superficiellement le sol, c’est-à-dire entre 1 et 2 cm. Ceci devrait me permettre de faire lever mes adventices le plus rapidement possible et de profiter de la fraîcheur du sol dès que la moissonneuse est passée.

Est-ce que l’investissement côté équipement est important pour mettre en œuvre ces nouveaux leviers de désherbage ?

Damien Beaujouan : Oui il est important mais c’est une réflexion de longue date. C’est suite à l’arrêt de la plateforme de Mer que j’ai remis toutes mes pratiques agronomiques « sur la table », car j’étais un fervent du labour et je me suis dit « je dois revoir mes techniques culturales ». Et depuis que je re-pratique le faux-semis, si tôt la moisson, et en raisonnant le désherbage à la parcelle, j’ai diminué fortement mes problématiques graminées sur certaines parcelles.

Quand les plateformes seront-elles de nouveau ouvertes au public, une fois l’épisode COVID passé ?

Jean-Louis Chevrier : Le COVID-19 nous a gêné dans le déploiement de nos actions. Notre ambition première est d’avoir une proximité avec le monde agricole, d’échanger, et donc ce sont des lieux qui sont bâtis pour cela. Cinq plateformes sont réparties à ce jour sur toute la France. Depuis la mise en place de ces plateformes, nous avions des journées de visite dédiées sur les mois de mai-juin. Nous pensons que, à l'avenir, ces plateformes doivent s’ouvrir tout au long de l’année et nous sommes ouverts à cela.

Est-ce que les retours sur investissements des différentes pratiques culturales mises en place ont été calculés ?

Magalie Devavry : Pour cette année pas encore puisque, effectivement, les récoltes viennent tout juste de commencer ou vont avoir lieu plus tard pour la partie maïs, betteraves mais aussi tournesol. L'analyse technico-économique sera faite cet été et nous avons prévu de vous les communiquer lors du prochain Webinar Culture Champs prévu le jeudi 24/09 pour vous présenter nos résultats économiques et techniques obtenus sur nos Plateformes Herbinnov. Les résultats seront aussi communiqués au travers de nos différents canaux (article Bayer Agri, etc.), dont lors d'un webinar le 24 septembre 2020.

Dans le cadre des nouvelles de ces approches innovantes de désherbage, est-ce que les applications en sortie d’hiver ont un sens désormais ?

Jean-Louis Chevrier : Sur cette plateforme on pouvait effectivement se poser la question. Lorsque vous avez de l’ordre de 400 vulpins/m2, la forte infestation est un indicateur important sur le niveau de la problématique de la parcelle. Le niveau de pression indique qu’il va falloir gérer sa problématique sur le temps : en combinant agronomie et chimie... La 1ère étape est d'identifier la problématique de la parcelle. Pour cela, nous avons utilisé cette année le service HerbiSecur permettant un diagnostic à la parcelle du niveau de résistance de la population. Nous parlons de résistance par mutations, de détoxification, vis-à-vis de 2 groupes chimiques utilisés en sortie hiver (HRAC B = ALS ou HRAC A = ACCase). Grâce au test de diagnostic, nous avons identifié, sur cette plateforme, une forte résistance aux ACCase et un début de résistance aux ALS (par mutation et par détoxification). Dans cette situation parcellaire, la mise en place d’un programme incluant une base automne suivi d'une application en sortie hiver à base d'ALS, permet d’attendre un très bon résultat d’efficacité, de 98%. Donc "oui", les applications en sortie hiver ont encore un sens sur certaines parcelles.

Quelles évolutions de flores avez-vous constaté avec les changements de pratiques de ces dernières années ?

Damien Beaujouan : « La nature a horreur du vide ». Quand on fait disparaître la flore de vulpin, un autre type de flore apparait (ray-grass, folle avoine, bromes, etc..). Mais pris à temps, cela se gère très bien. Aujourd’hui, vous venez chez moi, sur l’exploitation, je ne sais pas ce que c’est qu’un vulpin (contrairement à il y a 10 ans, avec une expérience sur l’exploitation de plus de 2000 vulpins/m2) et très peu de ray-grass, très peu de problèmes. Mais encore une fois, tout cela se gère à la parcelle.

Et sur les autres plateformes ?

Magalie Devavry : Pas d’inversion de flore identifiée à date. Ce cas d'inversion de flore avait été identifié sur l'ancienne plateforme à Mer, sur laquelle il y avait initialement une forte infestation en vulpins. Cette flore a évolué en ray-grass. Lorsque cela se produit, il faut adapter ses pratiques à la parcelle et à ses problématiques, ceci permet alors, de gérer rapidement ces inversions de flores.