Les pucerons d'automne et la problématique JNO

Pendant l'été, les pucerons se multiplient dans les réservoirs (maïs, repousses de céréales, graminées prairiales...), certains acquièrent le virus de la JNO (jaunisse nanisante de l'orge). Sous l'effet de la densité de population, des ailés apparaissent et vont se poser sur les jeunes semis de céréales. Ces pucerons sont dommageables pour les cultures de part leur piqûre alimentaire s'ils sont nombreux et surtout par le fait qu'ils transmettent le virus de la JNO.

Rhopalosiphum padi
Rhopalosiphum padi

Trois espèces principales de PUCERONS PORTEURS DE JNO

 

En France, plusieurs espèces de pucerons peuvent transmettre la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) aux céréales. À l’automne, l’espèce Rhopalosiphum padi représente le risque majeur associé à la JNO. Viennent ensuite Sitobion avenae, le puceron des épis, qui peut jouer un rôle non négligeable dans la dissémination de la maladie, et Metopolophium dirhodum.

Ils présentent tous une taille d’environ 2 mm et peuvent être observés sous leur forme ailée ou aptère. Préférez, pour les observer au champ, un temps ensoleillé : leur activité est plus forte.

Les larves de ces pucerons ressemblent aux adultes aptères, en plus petit.

Rhopalosiphum padi

  • Vert brunâtre, avec une tache brun rouge caractéristique.
  • Espèce la plus fréquente et la plus nuisible à l’automne sur les céréales.

Sitobion avenae

  • Couleur variable : vert, orange ou brun.
  • Surtout présent à l’épiaison des céréales et moins à l’automne.

Metopolophium dirhodum

  • Vert pâle, avec une raie longitudinale caractéristique plus foncée sur le dos.
  • Est également plus présent en été qu’à l’automne.

Période de risque

La période de risque correspond à la durée de vol, croisée avec le stade de sensibilité de la céréale. Cette période peut, en absence d’hiver, perdurer en décembre et janvier comme ce fut le cas lors des campagnes 2006-2007 et sur les hivers de la période 2011-2012.

Epidémiologie

Quels sont les facteurs épidémiologiques importants ?

Les pucerons possèdent naturellement les moyens de coloniser les cultures, notamment grâce à une reproduction sexuée et asexuée, et à des formes aptères et ailées.

C’est une reproduction sexuée, qui a lieu à l’automne sur un hôte appelé primaire et fonction de l’espèce, qui donne les œufs et permet au ravageur de passer l’hiver. L’hôte primaire est le merisier à grappes pour l’espèce R. padi


 Après le passage de l’hiver à l’état d’œufs, ils éclosent dès les premiers beaux jours. Ces œufs donnent naissance à des femelles aptères, appelées fondatrices, qui vont rapidement engendrer d’autres femelles aptères, qui vont elles-mêmes se reproduire. Ce n’est que lorsque la colonie devient trop importante sur la plante que des formes ailées apparaissent. Les pucerons peuvent alors voler vers d’autres cultures pour donner naissance à de nouvelles larves aptères et se multiplier sur cette nouvelle culture. Et ainsi de suite.

Facteurs relatifs à l'infection primaire Facteurs relatifs à la dissémination secondaire :
% de plantes colonisées par des pucerons ailés dynamique des populations de pucerons dans la parcelle
% de pucerons virulifères rigueur hivernale
chronologie de la colonisation date des premières températures inférieures à -5°

Développement du virus

Les virus transmis lors des prélèvements de sève migrent au niveau des racines où ils se multiplient. 10 jours sont nécessaires pour que les virus remontent dans les parties aériennes pour se concentrer majoritairement dans les derniers organes formés.

Les pucerons qui possèdent le virus le disséminent de plante à plante dans la parcelle, puis dans un autre champ lorsqu’ils se déplacent sous leur forme ailée. Les autres pucerons acquièrent le virus sur les plantes contaminées lors de leurs prélèvements de sève et le réinjectent sur de nouvelles plantes. Le virus, dans chaque plante, migre au niveau des racines où il se multiplie, puis remonte dans les parties aériennes.

Un virus peut en cacher plusieurs autres

L’état actuel des connaissances définit 8 espèces virales responsables de la JNO (dont en France, une espèce principale (PAV) et deux espèces secondaires (MAV et RPV)). Chaque espèce/souche virale possède des caractéristiques particulières (pouvoir pathogène, gamme d’hôtes et transmissibilité) devant être prises en compte pour lutter efficacement contre cette maladie.

Symptômes et dégâts

Sur orge

Jaunissement des feuilles les plus âgées à la montaison accompagné d’un nanisme d’autant plus important que l’attaque est forte. Les foyers sont circulaires (diamètre de 1 à plusieurs mètres). Peu de disparition de plantes, mais un aspect moutonné caractéristique est alors constaté.

Sur blé

Plus tardifs sur blé, les symptômes apparaissent de fin montaison jusqu’au gonflement. On observe une décoloration à partir de l’extrémité de la dernière feuille F1 ou de la F2, puis un rougissement de ces feuilles qui prennent une couleur lie de vin caractéristique. Ces symptômes peuvent s’accompagner ou non de phénomènes de nanisme.

Blé d'hiver atteint par le virus de la jaunisse nanisante de l'orge

Nuisibilité

Jusqu’à 60 q/ha de pertes sur orge

En cas de fortes populations, les pucerons peuvent, de par leurs prélèvements de sève et l’injection de salive toxique, provoquer des stress de croissance. Il en résulte un blocage de croissance et un éventuel rabougrissement.

Mais ces trois pucerons sont essentiellement nuisibles parce qu’ils sont vecteurs du virus de la JNO, la jaunisse nanisante de l’orge (ou BYDV, pour Barley Yellow Dwarf Virus). Un nom qui s’explique par le fait que bien que toutes les céréales soient sensibles à cette maladie, la nuisibilité sur orge est particulièrement forte puisque des pertes de rendement de plus de 60 q/ha peuvent être enregistrées.