LE MAG DU BIOCONTRÔLE - ÉPISODE 7. Le biocontrôle coûte-t-il vraiment plus cher ?

Trouver des solutions alternatives aux traitements conventionnels, voilà la mission du biocontrôle. Outre les enjeux environnementaux, on s’est interrogé sur l’impact économique pour les agriculteurs. Alors, le biocontrôle, plus cher ou pas ? Le Mag est allé à la rencontre de Jean-Jacques Pommier, consultant technique fraisier J2P Conseil qui nous a apporté son analyse très tranchée à travers l’exemple de la culture de la fraise.

« Il y a une différence pratiquement de 1 à 10 ». Le constat de Jean-Jacques Pommier est sans appel. Le biocontrôle, en culture de fraises, coûte 10 fois plus cher. Cette comparaison, elle se fait entre le coût d’un insecticide conventionnel et le coût d’apport d’un auxiliaire de biocontrôle. Pour mieux comprendre ce point de vue, le Mag a recueilli l'avis de ce consultant sur le recours aux micro-organismes de biocontrôle.

Dans la lutte contre les pucerons sur les fraises par exemple, l’application de larves de chrysope a un coût de 1300 à 1500€ HT par hectare. Pour un autre ravageur, les thrips, l’application de Neoseiulus Cucumeris revient à 800€ HT par hectare.

La deuxième contrainte imposée par les méthodes de biocontrôle, c’est la gestion des équilibres. Alors que le traitement conventionnel ne demande qu’un seul passage, l’application d’auxiliaires peut en demander plusieurs.

Autre constat, le temps de surveillance. En moyenne, comme dans le cas de l’oïdium sur fraise, il faut compter 3 fois plus d’interventions. Plus de temps, plus de passage, donc plus de charges.

L’interrogation que soulève le recours au biocontrôle, c’est l’amortissement du coût. L’agriculteur biologique peut répercuter ces nouvelles pratiques sur le prix du produit auprès du consommateur. En revanche, pour l’agriculteur dit « en protection intégrée », jonglant entre conventionnel et biocontrôle, Jean-Jacques Pommier commente : « Aujourd'hui, il y a une grande difficulté de valorisation de ces modes de protection, si ce n'est la mise en valorisation que peut apporter le producteur dans une mise en marché directe vis à vis des consommateurs ».