Ruches connectées : allier passion et bonnes pratiques de traitement

Sur le domaine viticole de Paul-Henri Bouchard, localisé à Valréas dans le département de Vaucluse, l’installation d’une ruche connectée a suscité des vocations et rationnalisé les pratiques. L’activité des abeilles est suivie en permanence pour mieux les respecter.

Membre du réseau Déphy, Paul-Henri Bouchard, gère un domaine de 15 ha en appellation Valreas, Côte du Rhône. En 2015, lors d’une réunion du groupe, organisée par la coopérative CAPL, Sandrine Bonnand, ingénieure conseil cultures et environnement chez Bayer, a présenté la ruche connectée (balance connectée placée sous une ruche). Le viticulteur a vu dans cet outil un moyen de sensibiliser son salarié aux périodes opportunes de traitement afin de respecter les pollinisateurs. Car, il est aussi apiculteur amateur et vit près des vignes. La balance renseigne sur l’activité des butineuses : lorsque les capteurs indiquent une prise de poids, les abeilles sont de retour. « Je m’appuie sur une passion pour effectuer de la pédagogie » explique-t-il. Mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que le projet séduise sa famille. « Lorsque le technicien est venu installer la balance connectée, mon plus jeune fils a demandé une ruche pour son anniversaire ! Désormais, chaque fois que nous entrons dans le bureau, c’est impossible de ne pas jeter un coup d’œil sur l’ordinateur relié à la ruche connectée », avoue-t-il.

« Les périodes de butinages varient d’une journée à l’autre, en fonction de la météo. Toutes les 10 minutes, la balance placée sous la ruche évalue précisément les sorties des abeilles. »

Paul-Henri Bouchard
Viticulteur à Valréas (Vaucluse)

Indicateur fiable de présence des abeilles dans les vignes

Un tel suivi est riche en enseignement. L’activité de butinage débute en mars et s’étale jusqu’à fin octobre. Les mesures programmées toutes les douze minutes s’affichent sur un tableau de bord. Elles peuvent être croisées avec l’évolution des températures. Premier constat : en dessous de 13 °C, les abeilles ne sortent pas. “Nous connaissons l’activité de la ruche sans avoir à l’ouvrir", complète-t-il. D’une semaine à l’autre, les périodes nocturnes où l’on peut traiter varient. Paul-Henri Bouchard suit le cahier des charges de l’agriculture biologique sans avoir demandé la certification. Il réalise deux passages insecticides, l’un obligatoire contre la cicadelle vectrice de la flavescence dorée, l’autre contre eudémis et cochylis. Pour ces deux derniers papillons, il repère le bon moment pour traiter (pic de vol) grâce aux pièges, puis il valide l’intervention insecticide lorsque l'intégralité des butineuses est retourné à la ruche connectée.

La récompense dépasse la satisfaction de bien conduire sa vigne. La ruche connectée affiche en fin d’été 2018 sur la balance un poids honorable de 40 kg et offre une récolte annuelle de 23 kg de miel. Paul-Henri Bouchard envisage de rajouter deux hausses afin qu’elle passe la barre des 90 kilos ! Et vient de proposer une formation d’apiculteur à son salarié.

Bonnes pratiques de traitement pendant la floraison en dehors de la présence d’abeilles

La réglementation impose d’utiliser des insecticides et acaricides ayant la mention abeille « autorisés en floraison en dehors de la présence d’abeilles ». Les traitements sont à programmer de préférence le soir. Le produit est absorbé pendant la nuit par la culture ce qui limite l’exposition des abeilles le matin suivant.