Taupins : un coléoptère en recrudescence sur céréales

Le taupin est un coléoptère dont quatre espèces, du genre Agriotes, sont particulièrement nuisibles au maïs, et dont les espèces du genre Athous s'attaquent principalement aux céréales à paille.

Définition
Taupin adulte

Le taupin est un coléoptère dont quatre espèces, du genre Agriotes, sont particulièrement nuisibles au maïs, et dont les espèces du genre Athous s’attaquent principalement aux céréales à paille. Le risque lié à cet insecte, dont la présence est généralisée à l’ensemble du territoire français, varie selon les années, les régions et les parcelles. Mais les pertes engendrées par ce nuisible peuvent atteindre 40 q/ha.

Description

Une larve fine, allongée, extrêmement dure et résistante, de couleur jaune paille brillant et une tête aplatie brune ? Vous ne pouvez pas vous tromper, il s’agit bien de taupin. Cette larve peut atteindre 17 à 24 mm de long sur 2 mm de large au terme de son développement.

L’adulte présente une forme de « barque renversée » de 6 à 12 mm et est de couleur brun noirâtre. Impossible de le manquer : lorsqu’il est dérangé, il saute de plusieurs centimètres en émettant un bruit sec, ce qui lui vaut le nom de « click beetle » en anglais. Mais il est difficile à observer : il se réfugie généralement dans les bois, haies, prairies, bandes enherbées… Il vole très peu, essentiellement la nuit lorsque l'humidité relative de l'air est élevée, mais marche activement.

 

Deux genres, de multiples espèces

Les taupins sont des coléoptères de la famille des Elatéridés. Pour la nuisibilité de nos cultures en France, deux genres sont dominants :les Agriotes et les Athous.

Plutôt blé ou maïs ?

Pour mesurer l’attractivité des différentes cultures sur les taupins, on place 25 larves d’Athous et 25 larves d’Agriotes à mi distance entre des grains de blé et des graines de maïs en cours de germination et voici ce que l’on observe : 70% desAthous ont été attirés par le blé, alors que les Agriotes sont préférentiellement attirés par le maïs.

D’autre part, les Athous font généralement peu de dégâts sur maïs.

Symptômes et dégâts

Généralisé à l’ensemble du territoire français, le risque taupins varie selon les années, les régions et les parcelles.

L’adulte n’est pas nuisible, ce sont les larves qui provoquent les dégâts. Les larves s’attaquent aux céréales lors de la phase d’installation : ses morsures sur les grains, aux racines et aux collets altèrent l’alimentation de la plante et peuvent entraîner sa disparition. Les attaques sont le plus souvent visibles par ronds dans le champ, mais peuvent aussi bien être généralisées à l’ensemble de la parcelle. Un jaunissement des feuilles extérieures caractéristique est alors constaté.

Les larves du genre Agriotes sont extrêmement polyphages (maïs, céréales, betterave, pomme de terre…). Les larves d’Agriotes préfèrent souvent le maïs. Les attaques de sortie d’hiver sont généralement consécutives à des semis tardifs à l’automne.

Celles du genre Athous ont une affinité particulière pour les céréales à paille qu’elles affaiblissent par leurs morsures.

Les larves des derniers stades sont attirées par les graines en germination et attaquent grains, téguments, coléoptiles et tigelles. Les stades les plus précoces, de la germination au stade épis 1 cm/redressement, sont les plus sensibles (racines et plateau de tallage rongés), entraînant des mortalités de plantes. Les attaques plus tardives, après plein tallage, sont moins dommageables : perte de talles, affaiblissement des plantes (biomasse pénalisée).

Des cycles plus ou moins longs

Pour les espèces à cycle long (Agriotes lineatus, A. obscurus, A. sputator...), leur développement demande 4 à 5 ans.

Les espèces à cycle court (Agriotes sordidus et Athous) se développent en 10 à 24 mois et sont particulièrement voraces.

Les taupins présentent de 9 à 15 stades larvaires, les derniers stades étant les plus dommageables pour les cultures.

Le taupin ne devient adulte qu’à la dernière année de son développement, le stade larvaire est donc prépondérant.

La larve, qui n’aime ni la sécheresse ni le froid, reste dans le sol, et remonte à la surface pour se nourrir au printemps et à l’automne. En fin de cycle, elle se métamorphose en nymphe durant le mois de juillet et en adulte en août-septembre.

L’adulte hiberne dans le sol puis refait surface vers mars pour se reproduire en mai et pondre des œufs en été qui se transforment en larves.

Plusieurs générations de larves peuvent cohabiter et se chevaucher.

Nuisibilité

Nuisibilité jusqu'à 40q/ha. Ces ravageurs tendent à progresser.

Facteurs de risque :

  • Précédents culturaux : Prairies de graminées, pommes de terre, jachères, légumineuses fourragères... régions polyculture, élevage en général
  • Sols meubles et riches en matière organique
  • Semis de printemps
  • Stade précoce de la céréale
  • Sensibilité Avoine > Blé > Orge
  • Hiver clément et pluvieux

    Recrudescence des taupins en France

    On observe un risque généralisé à l’ensemble de la France. Les dégâts sont variables d’une année à l’autre, d’une région à l’autre et surtout d’une parcelle à une autre (historique parcellaire). Tous les systèmes de production sont potentiellement concernés. Les printemps chauds et humides favorisent la hausse des populations de taupins.

    Périodes de risque

    Les taupins qui n’aiment pas la sécheresse, ni le froid s’enfoncent en profondeur pendant l’hiver et l’été. En bordure océanique, certaines années sans hiver on peut observer des dégâts tardifs sortie hiver.