Les buses anti-dérives, plutôt qu'une dérive dans les relations avec les voisins !

Les chartes de riverains laissent la possibilité aux viticulteurs de diminuer les zones non traitées si des mesures sont prises pour maintenir le niveau de sécurité. Parmi celles-ci : la limitation de la dérive. Une option choisie par Yan Cogné pour traiter ses 50 ha afin d’être “irréprochable”.

Ce dossier est extrait du magazine Le Sens de La vigne N° 19 - Juin 2020 (version pdf, consultable en ligne)

La charte de riverains du département du Maine-et-Loire fait partie des 25 signées en France avant la pandémie du Covid-19 et entrée en vigueur au 1er janvier 2020. Alors Yan Cogné, vigneron, est prêt. “ Pas question d’être en dehors de la réglementation ”, explique-t- il pour justifier ses choix d’aménagements et d’investissements. Et il prévient : “J’ai de très bonnes relations avec mes voisins, je souhaite que cela dure.

Cinq mètres récupérés et plus de sécurité

Alors, pour être prêt, il a changé en début d’année tout son matériel de pulvérisation, des machines pneumatiques face par face achetées en 2005 et 2008. Ce choix radical est aussi lié à la configuration de dix parcelles avec des bouts de rangs à 7 m des propriétés, soit 150 rangs à raccourcir pour respecter les 10 m. “Un chantier considérable d’un point de vue temps et économique”, relève-t-il.

Afin de ramener cette distance à 5 m entre ses derniers rangs vignes et les riverains, il a opté pour la pulvérisation par jet porté avec des rampes équipées de buses anti-dérives. Le produit se dépose uniquement sur les feuilles. Par contre, il n’a pas pu faire l’impasse sur l’arrachage en mars de deux rangs de vignes, soit 250 ceps, plantés à 3 m des limites de propriétés. “Une perte pour nous, d’autant que ces ceps avaient 3 et 5 ans”, souligne-t-il. Il a aussi écarté de son local phyto les produits qui imposent une distance de 20 m et a ouvert ses étagères au biocontrôle.

Nécessaire pédagogie sur le pulvérisateur

Mais ces évolutions des programmes de traitement supposent aussi qu’il sorte plus régulièrement son pulvérisateur pour sécuriser les récoltes. “Les consommateurs veulent que nous traitions moins, alors dès qu’ils voient un pulvérisateur, ils sont méfiants. Ils ne savent pas que nous l’utilisons aussi pour le biocontrôle, pour les engrais foliaires. La pédagogie est à renforcer en ce sens”. Avec une viticulture certifiée Terra-Vitis, Yan Cogné, se saisit de cette reconnaissance pour expliquer son travail aux visiteurs lors des journées portes ouvertes organisées sur l’exploitation. Cette année ce sera en décembre.

Réduction de la ZNT grâce au matériel homologué

Une réduction des distances de 10 m à 5 m avec le matériel de pulvérisation est envisageable, sous conditions :

  • utiliser un matériel anti-dérive homologué par le ministère de l’agriculture
  • résider dans un département dont la charte "Riverains" est signée.

La liste du matériel de pulvérisation concerné a été mise à jour au bulletin officiel du ministère de l’agriculture du 19 février 2020.