Herbinnov Ouest : cinq ans pour viser 100% d’efficacité en désherbage

Varaize, Charente-Maritime (17)

Sur la plateforme Herbinnov Ouest, implantée à Varaize en Charente-Maritime, le ray-grass pose un réel problème de résistance aux herbicides. Pour résoudre ce problème, différentes mesures ont été mises en place comme l’allongement de la rotation, le labour, le désherbage mécanique, le faux semis, et les différentes comparaisons de stratégies herbicides. Ces essais seront suivis pendant cinq ans et partagés avec les agriculteurs, les distributeurs et les conseillers de la région.

Caractéristiques de l'exploitation (17) :

  • Rotation de la parcelle
    Colza et tournesol / blé / orge / tournesol
  • Problématique
    Résistance du ray-grass aux herbicides de la famille des ACCase 
  • Superficie de l'exploitation
    130 ha
  • Superficie de la plateforme
    1,60 ha sur une parcelle de 5 ha


La plateforme Herbinnov Ouest se situe sur l'exploitation de Christophe Bertin, agriculteur à Varaize près de Saint-Jean-D’Angély. Elle a été officialisée le 24 avril 2018 même si la collaboration entre Christophe Bertin et Bayer a débuté dès 2004. La parcelle choisie d’une superficie de 5 ha est caractérisée par une résistance totale du ray-grass aux herbicides de la famille des ACCase et un début de résistance aux ALS. La problématique est loin d’être contenue : « Nous avions un essai sur cette parcelle semée en blé à l’automne 2017. Une partie était désherbée avec un ALS, l’autre non. Nous avons estimé le potentiel de nuisibilité des ray-grass à 56 q/ha », raconte Serge Fortunel, l’un des ingénieurs qui pilote les essais Herbinnov.

Ce résultat est considéré comme un bon indicateur du gain de productivité à attendre lorsque tous les leviers agronomiques et mécaniques seront activés sur la zone d’essais, en complément du désherbage chimique, lui aussi mis à l’épreuve. Les bénéfices seront calculés chaque année au-delà du rendement : marge brute, marge nette.

« Nous avons toujours besoin d’apprendre, de partager. À mesure que la réglementation sur les produits phytosanitaires se durcit, nous devons évoluer dans nos pratiques. Mixer les techniques est la solution. Que ce soit de l’agronomie, le travail du sol, la protection chimique et le recours aux outils d’aide à la décision, tout est à expérimenter pour trouver le bon équilibre économique. Les essais sont aussi un moyen de bénéficier de conseils d’experts et de confronter nos expériences entre agriculteurs. »

Christophe Bertin
Agriculteur de la plateforme Herbinnov Ouest

Premier effet sur les ray-grass grâce au semis tardif

Le premier levier est l’agronomie. Labour et non labour, rotation longue sur six ans avec mise en place de l’alternance de cultures d’hiver, blé et colza, et de cultures de printemps, maïs et tournesol, seront comparés dans la durée.
Particularité de la plateforme, elle est scindée en six parcelles dont trois sont semées en blé. L’objectif est de retarder la date de semis du blé afin que la levée de la céréale soit décalée par rapport à celle du ray-grass. Un déstockage a été programmé avec un déchaumage le 18 juillet 2018 avec un outil à disques. Il a été complété par un désherbage chimique, quinze jours avant chaque semis.

RÉSULTATS 2018

Réalisation de deux dates de semis : le 23 octobre et le 14 novembre. Les premières notations montrent début janvier un niveau d’infestation plus faible dans les parcelles semées tardivement.

Évaluer la pertinence de la date d’application des herbicides

Pour chaque modalité de dates de semis, différents programmes herbicides sont effectués afin de repérer celui qui fonctionne le mieux, notamment par rapport à sa date de positionnement. « Nous souhaitons montrer en priorité que sur des flores difficiles, plus on positionne tôt les traitements, sur les adventices jeunes, meilleure est l’efficacité », souligne Serge Fortunel - Ingénieur technique Bayer

Un premier programme d’automne à deux applications a été mis en place avec un passage en prélevée prosulfocarbe + Carat® suivi d’un second en post-précoce avec Fosburi® associé au chlortoluron.
La deuxième modalité se centre sur une application en post-précoce d’automne Fosburi® + chlortoluron.

Deux autres modalités s’appuient sur un passage en post-précoce à l’automne complété par un rattrapage au printemps avec la gamme mesomaxx. La base automne est soit Fosburi® + chlortoluron soit le chlortoluron seul. Dans ce dernier cas, Kalenkoa® est positionné tôt en janvier. « Lorsque les conditions le permettent, nous passons tôt, à pleine dose, sur des adventices jeunes », complète Serge Fortunel.

Différentes dates d’application du programme sortie d’hiver avec Atlantis® seul sont aussi explorées, là encore pour évaluer la meilleure période d’efficacité. D’ores et déjà, à mi-janvier 2019, de très bonnes efficacités sont obtenues avec un traitement réalisé le 13 novembre 2018.


Au printemps 2019, des visites de la plateforme seront proposées avec un point sur la résistance aux adventices et un focus sur les risques de pollutions diffuses, plus d’informations dans les semaines à venir.