Efficacité des programmes herbicides d’automne observée fin février

En sortie d’hiver, les programmes herbicides d’automne montrent un très bon niveau d’efficacité sur la plateforme Herbinnov de Cravant dans le Loiret comme sur l’ensemble de la région Centre. Néanmoins les tours de plaine réguliers restent nécessaires, car les levées de ray-grass et de vulpins peuvent s’étaler tout au long du printemps. Depuis le 15 février, en lien avec l’agriculteur Régis Riby qui héberge la plateforme, les équipes techniques Bayer testent les différentes dates d’intervention pour les herbicides.

Traitement à fin février sur la Plateforme Herbinnov Centre

Fin février,  la plateforme Herbinnov Centre se montre relativement propre. Selon les itinéraires techniques, le taux de réussite des programmes herbicides d’automne sur céréales se situe entre 77% et 90%. Les traitements de pré-levée ou de post-levée à 2 feuilles ont bénéficié d’une bonne hygrométrie. L’herbicide composé de diflufénicanil, flufénacet et aclonifène, dont l’homologation devrait intervenir au printemps 2019, donne les meilleurs niveaux d’efficacité.
« C’est très prometteur avec 90% d’efficacité, supérieure de 10 points à une association Fosburi® + produits partenaires », témoigne Magalie Devavry, ingénieure technique Bayer. Autre constat : le bénéfice du labour pratiqué en 2017 se fait toujours ressentir car il a abaissé le stock de graines adventices dans le sol.

Dans l’ensemble, sur la région Centre, le désherbage d’automne a relativement bien fonctionné en raison de conditions climatiques et agronomiques idéales : « Le manque de pluie a retardé les dates de semis, l’effet agronomique du décalage des  programmes herbicides d’automne d’une dizaine de jours s‘est alors fait ressentir sur le développement des ray-grass et des vulpins », complète-t-elle.

« La solution herbicide en attente d'homologation ce Printemps 2019 est très prometteuse avec 90% d’efficacité, supérieure de 10 points à une association Fosburi® + produits partenaires. »

Les vulpins et ray-grass peuvent lever jusqu’à fin juin

La vigilance reste de mise : « Une levée tardive des graminées adventices n’est pas exclue, poursuit Jean-Louis Chevrier, ingénieur technique Bayer en charge de la plateforme. Une partie du ray-grass germe au printemps. Le vulpin peut aussi apparaître à cette période, son cycle biologique évolue, pour des raisons certainement climatiques, et parce que la nature a horreur du vide, l’espèce essaie d’esquiver. »

Jean-Louis Chevrier s’appuie sur une expérimentation conduite sur la région avec un distributeur au printemps 2018 : « Nous avions fait des relevés sur 100 parcelles conduites à l’automne en pré-levée, en post-levée ou en programme herbicide double et choisies de façon aléatoire. Quelle que soit la combinaison, la moitié d’entre elles n’avait pas besoin d’un rattrapage en février 2018. Un mois après, un tiers des champs restait propre, puis un sur cinq en juin. » L’expérience est reconduite cette année.

Multiplier les tours de plaine est nécessaire afin de valoriser le résultat final.

Évaluer la pertinence d’un programme herbicide tôt au printemps

Quels sont les travaux prévus sur la plateforme Herbinnov en cette sortie d’hiver ?

  • Expérimenter les différentes dates de passages herbicides : 
    « Nous réagirons en lien avec les interventions de l’agriculteur, indique Jean-Louis Chevrier. Nous avons prévu d’expérimenter les différentes dates d’interventions des solutions Mesomaxx dès qu’un passage d’herbicide est justifié, et lorsqu’une fenêtre favorable se présente à partir de la mi-février.  Car nous nous posons des questions sur la pertinence aujourd’hui du conseil « taper tôt et fort ». Il y a dix ans, seulement 25% des traitements s’effectuaient à l’automne, ce positionnement était justifié. Aujourd’hui ce ratio monte à 75%. De fait, nous devons redémontrer l’impact de cette recommandation. »
  • Réaliser un désherbage mécanique :
    Sur la plateforme, le désherbage mécanique a été expérimenté fin février sur blé au travers de la herse étrille. L’objectif de cette technique étant de limiter le développement des adventices par arrachage ou recouvrement de celles-ci suite au passage de la herse étrille et de ses griffes. Les conditions étaient très favorables : adventices au stade plantule, sol ressuyé, ainsi que des conditions sèches et ensoleillées les jours suivants.
Le conseil en sortie d'hiver

Jean-Louis Chevrier, ingénieur technique explique : « Sur parcelle sale, la première intervention à réaliser, c’est le désherbage. Trop souvent, les agriculteurs préfèrent réaliser un passage d’engrais azoté, ce qui a pour conséquence de favoriser la croissance des mauvaises herbes. L’évolution d’une population d’adventices n’est pas toujours liée à un problème de résistance. Les conditions d’application sont fondamentales pour que l’herbicide exprime tout son potentiel. »

À propos des problèmes de sélectivité

« Cette année, de fortes pluies ont été relevées autour du 20 novembre. Nous avons constaté sur la région des problèmes de remontées pour les herbicides racinaires, appliqués en pré-levée. Dans ce cas, les doses d’utilisations ont en plus été « chargées ». Les molécules, concentrées, engendrent des phytotoxicités. Pour un désherbage efficace et durable, nous recommandons de miser sur la complémentarité des méthodes agronomiques et chimiques afin de préserver l’efficacité des programmes. »