Certification HVE en vigne : quelles stratégies pour diminuer son IFT sans compromettre la rentabilité ?
Les moyens de réduire l’Indice de fréquence de traitement (IFT), l’un des indicateurs de la HVE, ne peuvent se décider au détriment du rendement et de la qualité des raisins pour la distillation. Échanges entre Patrick Brandy, gérant du domaine Fontaulière, François Bordier, conseiller technique des Établissements Subin et Manuel Allard, animateur commercial Bayer, afin d’isoler les stratégies pour gagner des points dans le cadre de la certification sans pertes de productivité.
Cet article est extrait du magazine Le Sens de La vigne N° 18 - Mars 2020 (version pdf, consultable en ligne)
« On n’a pas le droit de se tromper avec le mildiou. Réduire l’IFT ne peut s’envisager que si la fleur est bien protégée face à ce risque maladie. »
Le cépage Uniblanc est une plante généreuse. En période de croissance, il peut pousser de 80 cm en une semaine ! Cette vigne représente l’hôte idéal du mildiou, réputé être la maladie de la vigueur. L’oïdium peut aussi se manifester certaines années dans les Charentes, avec comme conséquence, au-delà de la perte de rendement, une altération du goût de l’eau de vie. Pas question pour Patrick Brandy, gérant du domaine Fontaulière, de prendre le moindre risque. “Le vignoble du Cognac est l’un de ceux qui, depuis la seconde guerre mondiale, gagne chaque année des hectares, raconte-t-il. En cinq ans, 10 % de surfaces ont même été ajoutées pour répondre à une demande exigeante. Nous investissons avant tout pour garder nos ratios économiques et la qualité de nos productions.”
« Avec Movida, j’ai une parcelle d’essais virtuelle. »
Viser 50 % de l’IFT de référence
Dans ce cadre, comment gagner des points HVE sur la partie “stratégie phytosanitaire” sans fragiliser le résultat technico-économique du vignoble ? Par conviction, Patrick Brandy a choisi de suivre la voie A, celle de la technique. Réduire l’Indice de fréquence de traitement est souvent le premier réflexe des professionnels. François Bordier, conseiller technique des Établissements Subin prévient. “Cinq points sont attribués si le viticulteur baisse son IFT de 50 %, un objectif atteignable.” La référence en Cognac se situe à 16,7. Sur le domaine Fontaulière, 15 traitements équivalents plein IFT sont effectués. Ils correspondent à 7 passages sur lesquels le viticulteur va jouer pour se situer à 7.75 IFT en 2019.
Sécuriser la floraison pour ensuite alléger le programme
Le programme adopté a été construit avec le conseiller technique et validé dans le cadre des essais réalisés par le négoce Martell sur ses propres vignes. “Pour réduire l’IFT, il faut garder les produits conventionnels pendant la période d’encadrement de la fleur, explique le technicien. Cette période est incompressible.” De la chute des capuchons floraux à la fermeture de la grappe, le seul facteur de variation que s’autorise alors le viticulteur est la dose grâce à la pulvérisation en confiné(e). “L’emploi de panneaux récupérateurs permet de la réduire de 30 %, ce gain est pris en compte dans le calcul des points IFT.”
Autre élément clé souligné par le responsable commercial de Bayer, Manuel Allard : bien positionnés, ces produits expriment tout leur potentiel pendant cette période cruciale pour le rendement,ils bloquent le risque de contamination : "Plus besoin ensuite de courir après la maladie, et c’est là que se joue aussi l’économie de traitement », s’accordent-ils. Car, lorsque le risque maladie est maitrisé, la fin de programme peut être allégée en intervenant avec un produit offrant une protection oïdium sur 21 jours. La carte du biocontrôle se joue en plus avec le soufre en tout début de programme, associé à un fongicide anti- mildiou de contact, à 50 % de la dose.
L’atout Movida® pour bien positionner les traitements et réduire l’IFT
Cette stratégie de réduction des IFT s’appuie sur les alertes de l’OAD* Movida®. “L’outil permet aux viticulteurs de valider leurs choix de programmes en prévisionnel, complète Patrick Brandy et surtout de bien positionner tous les produits selon le risque maladie afin d’avoir moins de rattrapages”. Il l’utilise depuis cinq ans. C’est pour lui une base de discussion avec son conseiller : “Si Movida® nous permet d’anticiper la stratégie de protection et l’approvisionnement en produits, il offre aussi de la souplesse, explique ce dernier. En temps réel, en fonction du risque maladie nous pouvons ajuster notre recommandation.” Son conseiller, François Bordier pilote 25 exploitations avec Movida®. Cette vision globale bénéficie à tous dans le cadre d’une démarche collective de la filière. “La majorité des professionnels possède l’expertise de la HVE, ajoute Manuel Allard. Notre rôle est d’accompagner les viticulteurs et leurs conseillers dans l’utilisation de Movida® afin de positionner au mieux les produits en biocontrôle comme en conventionnel tout le long du cycle végétatif. Nous proposons aussi des formations sur des demi-journées”. L’échange et le partage d’expertise, un indicateur officieux de la HVE ?
*Outil d’aide à la décision
« Movida® oriente la stratégie de protection prévisionnelle en fonction du risque réel mildiou et oïdium. Dans une stratégie de réduction de l’IFT, le pilotage avec cet OAD est indispensable. »
Stratégie phytosanitaire, les points gagnés !
Dix points sont nécessaires sur l’ensemble des sept indicateurs pour valider la stratégie phytosanitaire du niveau HVE 3 de la certification environnementale.