Soigner la préparation de la bouillie

L'étape de la préparation d'une bouillie phytopharmaceutique est cruciale dans le processus global de traitement. Adopter les bons comportements et utiliser les matériels adaptés permettent de préserver la santé du préparateur et l'environnement, tout en optimisant l'efficacité des produits.

À retenir

La préparation d'une bouillie phytosanitaire requiert toute l'attention. Une négligence au niveau des étapes à respecter et des matériels utilisés peut être très préjudiciable, tant au niveau de la sécurité du préparateur, qu'au niveau de l'environnement, ou encore de l'efficacité de la bouillie préparée.

La préparation de la bouillie en quatre étapes

  1. Bien lire les étiquettes et les fiches de données de sécurité (FDS) avant toute préparation.
  2. Porter les équipements adaptés aux produits et à l'étape de manipulation.
  3. Préparer la bouillie sur un plan de travail adapté et près d'un point d'eau.
  4. Utiliser un appareil de dosage limitant les risques d’éclaboussure.

Des comportements raisonnés

S'il est indispensable de ne pas prendre à la légère la préparation de la bouillie, c'est avant tout pour préserver sa santé. Cette étape est en effet l'une des tâches les plus exposantes aux produits phytosanitaires. Ceux-ci ne sont pas encore dilués, ce qui renforce les risques directement liés à l'exposition.

La notion de risque correspondant à la fois à l’exposition et à la dangerosité du produit utilisé, l'évaluation des risques au moment de la préparation de la bouillie consiste donc à apprécier la nature des produits et leur toxicité.

Vigilance

La lecture des étiquettes et des fiches de données de sécurité (FDS) est indispensable et préalable à toute manipulation.

Grâce aux étiquettes le préparateur de la bouillie connaîtra, en plus de la composition du produit, ses usages homologués et ses conditions d'emploi et de restriction. L'étiquette fournit également les conseils de mise en œuvre (ordre d'incorporation, mélanges...) et les informations liées aux classements toxicologiques et écotoxicologiques du produit manipulé.

De leur côté, les Fiches de Données de Sécurité (FDS) complètent les informations réglementaires liées aux bonnes pratiques de manipulation et d'utilisation du produit. Elles doivent être consultées avant la phase de préparation de la bouillie car elles indiquent également les équipements de protection à utiliser et les mesures à prendre en cas de dispersion ou de rejet accidentel.

Le port d’Equipements de Protection Individuelle (EPI) adaptés au type de produit manipulé reste indispensable. Les gants et la combinaison évitent le contact avec la peau, les lunettes protègent les yeux en cas d'éclaboussures, les masques complètent la protection des voies respiratoires, si besoin.

Des conditions matérielles adaptées

Tant pour la santé que pour l'environnement, le lieu de préparation de la bouillie et les matériels utilisés sont très importants pour éviter les éclaboussures et se prémunir de débordements accidentels.

La préparation de la bouillie doit donc se faire sur une aire sécurisée qui préserve des risques de pollution, avec un point d'eau à proximité. Cette aire doit être reliée à un dispositif de gestion des effluents qui récupère et recycle les surplus de produits ou bouillie et les eaux de rinçage.

Par ailleurs le travail de préparation doit avoir lieu de plain-pied pour éviter les chargements de sacs et bidons en hauteur. Cette opération devra donc être réalisée sur un plan de travail adapté lorsque la bouillie est à déverser ensuite dans un pulvérisateur (cas des appareils à dos).

Lors de la préparation de la bouillie directement dans le pulvérisateur, l'utilisation d'une trémie d'incorporation est recommandée, plutôt que le trou d'homme du pulvérisateur.

Le préparateur doit par ailleurs se prémunir de tout risque d'éclaboussures au moment du dosage du produit. Si un récipient est nécessaire pour effectuer la mesure, sa forme doit être adaptée pour éviter ce risque.

Grâce à leur ergonomie, les emballages adaptés limitent aussi le risque d'éclaboussure des produits liquides lorsqu'ils sortent de leur bidon. C'est le cas de la nouvelle gamme d'emballages de Bayer, Smartline, qui facilite le versement des produits à l’aide d’un large goulot en forme d'entonnoir : vidange améliorée et éclaboussures limitées.

Enfin, au moment du remplissage du pulvérisateur, le préparateur doit absolument éviter de mettre la source d'eau (le tuyau) en contact direct avec la bouillie, afin que celle-ci ne puisse remonter dans le réseau de fourniture d'eau. L'utilisation d'un clapet anti-retour est dans ce cas fortement recommandée. Une potence pour le remplissage évite également au tuyau de plonger dans la cuve.

Des dispositifs existent par ailleurs pour empêcher les débordements, tels les volucompteurs qui permettent l'arrêt automatique du remplissage.

Mélanges : respecter l'ordre d'incorporation

La phase de préparation est aussi déterminante sur la qualité de la bouillie.

La cuve doit être sous agitation et remplie aux trois quarts du volume d'eau nécessaire.

L’ordre d'incorporation des différents produits en cas de mélanges doit être bien respecté. Les solides sont introduits en premier, suivis des liquides (sauf mention contraire sur l’étiquette des produits) selon les préconisations suivantes :

Solides

  1. Granulés solubles dans l'eau (SG)
  2. Granulés dispersables (WG)
  3. Poudres mouillables (WP)
  4. Poudres solubles dans l'eau (SP)

Liquides

  1. Adjuvants de compatibilité
  2. Suspensions concentrées (SC)
  3. Solutions aqueuses (SL, EW, SE)
  4. Concentrés émulsionnables (EC)
  5. Autres adjuvants (huile, mouillant...)
  6. Huiles (EO, OD)