Les étapes du diagnostic environnemental pour prévenir les pollutions diffuses

Le diagnostic environnemental pour prévenir les pollutions diffuses s’effectue selon trois échelles : il part de l’unité la plus petite, la parcelle et s’applique jusqu’à l’échelle du bassin versant. Pour bien le préparer, des informations topographiques, géologiques, agronomiques et climatiques sont nécessaires. Le diagnostic est complété par l’observation sur le terrain.

Le diagnostic au niveau de la parcelle

Une analyse croisée entre le type de sol, l’occupation du sol et le paysage aboutit à l’identification des enjeux pour mieux protéger les eaux souterraines et les eaux superficielles.

La prise en compte des pratiques agricoles affine la compréhension des modes de circulation de l’eau vers les différentes ressources. C’est aussi un moyen d’estimer l’intensité de ces transferts d’eau et le risque de pollution diffuse lié à l’application des produits phytosanitaires sur la parcelle.

 

Quels sont les éléments à prendre en compte ?

La structure et la texture du sol

Un sol filtrant, pauvre en matière organique facilite la circulation de l’eau dans le profil du sol. À l’inverse, un sol profond équilibré, de type argilo-humique retiendra mieux l’eau. Un sol argileux sera plus imperméable et accentuera le risque de saturation en eau et de ruissellement en surface. La présence de fentes de retrait, de mottes grossières est aussi prise en compte.

Le relief

Le diagnostic se focalise sur la topographie de la parcelle : est-elle en pente ? Bordée de fossés, de talus ? Existe-t-il une bétoire ? Des dolines (forme caractéristique d'érosion des calcaires en contexte karstique) sont elles apparues en sol calcaire ? La présence de drains est aussi à noter en sol hydromorphe (qui montre des marques physiques d'une saturation régulière en eau).

Les éléments paysagers

Les haies, les bandes enherbées sont des aménagements essentiels pour limiter les pollutions diffuses. Ces éléments sont à évaluer au niveau de la parcelle, mais aussi du bassin versant. Il faut alors analyser leur localisation et leur dimension ainsi que leur état. Par exemple, si lors du labour, la terre est rejetée sur le côté et s’accumule, cela créera une mini digue et l’eau s’évacuera plus difficilement. La réalisation d’une rigole pour faciliter les écoulements, court-circuitera le passage de l’eau par la bande enherbée. Le rôle de filtre ne sera plus assuré.

Les pratiques agricoles

Pour mieux appréhender l’intensité du risque de pollutions diffuses, l’itinéraire technique des cultures est pris en compte dans le diagnostic. Un focus est réalisé sur :

  • Le type de culture avec la durée d’implantation, la profondeur d’enracinement, la présence de prairie permanente ou temporaire, l’exigence en eau de la culture.
  • Le travail du sol avec la fréquence des labours, le risque de battance, le sens du travail, le travail simplifié, les résidus de culture laissés au sol.
  • L’assolement et la rotation des cultures avec la couverture permanente des sols et la répartition des cultures dans le paysage.
  • La date des traitements, quand c’est possible hors période de saturation des sols.

Le diagnostic au niveau de l’exploitation agricole

L’exploitation constitue l’échelle opérationnelle de mise en œuvre des mesures de gestion des pollutions diffuses. Cela implique d’avoir un panel de solutions à proposer.

Les actions sont hiérarchisées en fonction du diagnostic et des contraintes de l’exploitation. Sa localisation au sein du bassin versant est un point essentiel pour sélectionner les solutions les mieux adaptées. Et ce n’est pas toujours l’exploitation diagnostiquée qui devra mettre en œuvre la solution la plus efficace.

Le diagnostic au niveau du bassin versant

Le diagnostic réalisé à l’échelle parcellaire nécessite d’être replacé dans l’environnement du versant ou dans celui du bassin.

Un diagnostic élargi au territoire précise le chemin de l’eau, le rôle joué par chaque parcelle ainsi que celui des dispositifs végétalisés. Les ruissellements observés sur un versant peuvent se cumuler d’une parcelle à l’autre puis emprunter des circuits préférentiels jusqu’à la ressource en eau.

Ces flux peuvent être interceptés ou ralentis par une prairie ou un élément paysager tel qu’une bande enherbée, une haie ou une fascine (branchages utilisé pour combler des fossés). Dans le cas de transferts par drainage, les bandes enherbées seront inefficaces.

Agir seulement sur des parcelles localisées en aval du chemin d’écoulement des eaux manquerait de pertinence si rien n’est entrepris en amont. Il faut bien préparer le diagnostic.

Avant de rencontrer le technicien agricole qui réalise le diagnostic, certains documents sont nécessaires :

  • Une carte géologique pour déterminer la nature et la perméabilité du substrat
  • Une carte du sol pour déterminer la nature du sol, sa profondeur, la réserve utile et sa sensibilité à la battance
  • Une carte topographique pour les informations sur la présence de pentes ou talwegs
  • Une analyse de sol des parcelles
  • Des orthophotographies de la zone étudiée (image aérienne)
  • Un plan d’exploitation
  • Un « inventaire » des pratiques : travail du sol et traitements phytosanitaires.

Le diagnostic sera idéalement complété par une ou plusieurs visites de terrain.

Etude de cas sur le bassin versant de Doazit dans les Landes

Sur la parcelle ci-dessous, localisée sur le bassin versant de Doazit dans les Landes, les événements pluvieux ne créent pas les mêmes effets visuels selon la période de l’année. Sur la première photo, l’atterrissement et la sédimentation sont bien visibles dans le maïs suite à un orage au printemps (juin 2015). Le ruissellement est important. Sur la deuxième photo, sur cette même parcelle, pas de signe particulier observable après la pluie hivernale. Le sol est protégé par les résidus de paille de maïs (octobre).