Les atouts des rotations longues pour un désherbage durable

L’allongement de la rotation avec l’introduction de cultures de printemps telles que le maïs ou la betterave permet de casser la dynamique biologique des adventices. Ces cultures reçoivent des herbicides à modes d’action différents ce qui préserve l’efficacité du désherbage chimique. Leurs inter-rangs plus larges facilitent aussi le binage. Et, petit plus sur la plateforme Herbinnov du Loiret : un maïs boosté dès le semis grâce à un enrobage innovant autour de la semence devrait vite couvrir les rangs, limitant ainsi le développement des mauvaises herbes.

Plateforme Centre à mi-mars

Cette année, deux cultures de printemps sont introduites dans la rotation de la plateforme Herbinnov de la région Centre, localisée à Cravant dans le Loiret : du maïs, en sec et en irrigué, ainsi que de la betterave.

« Pour chaque culture, nous poursuivons trois objectifs identiques : construire des programmes de désherbage solides en alternant les familles chimiques à l’échelle de la rotation, utiliser le désherbage mécanique entre les rangs et casser le cycle biologique des adventices liées aux cultures d’hiver »

Herbicides différents en maïs et betterave, et désherbage mécanique

En maïs, un programme désherbage avec Adengo® Xtra (HRAC B et F2) est prévu en post-semis et pré-levée pour garantir une efficacité optimale sur graminées et dicotylédones et sécuriser le potentiel de rendement de la culture.

La même stratégie avec recherche de solutions performantes est adoptée en betterave grâce au recours à la Betatechnologie (HRAC C1 et N). Ces solutions ont également l’avantage d’être des solutions permettant d’alterner les modes d’action dans la rotation. Ce sont des modes d’action différents des ALS et ACCase.

Sur une parcelle de maïs, un désherbage sur le rang avec Adengo® Xtra sera suivi d’un binage.
« Le fait d’associer le binage, pratiqué entre les rangs de ces cultures, à un programme herbicide sur le rang est un moyen de baisser l’Indice de Fréquence de Traitement, puisque nous n’employons que 30% de la dose à l’hectare », complète Jean-Louis Chevrier, ingénieur technique responsable de la plateforme. Cette réduction de l’utilisation des herbicides est un des leviers pour répondre aux attentes sociétales et préserver la qualité de la ressource en eau. Autre bénéfice de cette technique associant désherbage mécanique et traitement sur le rang : pérenniser l’efficacité des herbicides maïs en limitant leur utilisation. Néanmoins, Jean-Louis Chevrier rappelle aussi que le désherbage mécanique peut avoir ses limites, notamment en favorisant les levées d’adventices se développant au printemps, comme les mercuriales, ambroisie ou les graminées panic, sétaire, digitale (PSD).

Semis de betterave à la mi-avril sur la plateforme Centre
Semis de maïs sur la plateforme Centre

Des variétés de maïs étouffant les adventices en essai

Autre démonstration mise en place ce printemps : la conduite, en sec, de deux innovations en maïs. Ces maïs, sont proposés enrobés avec des biostimulants et des produits phytosanitaires. Il s’agit de la technologie Acceleron® qui permet de bénéficier, dès leur levée, d’un effet "booster".
« Leur développement devrait être plus rapide, ces maïs devraient être plus robustes en conditions climatiques difficiles », complète Magalie Devavry.

« De fait, la concurrence exercée par les mauvaises herbes devrait être réduite, le développement du maïs prenant rapidement le dessus. Nous allons suivre le développement de ces maïs par rapport aux autres variétés qui ne bénéficient pas de ces nouvelles technologies. »

Donner de la longueur à la rotation

Le désherbage se réfléchit à l’échelle de la rotation et non sur une année. Les mauvaises herbes n’aiment pas être perturbées dans leur cycle biologique. Introduire un maïs, une betterave ou un tournesol entre deux cultures d’hiver est un des moyens recommandés pour contrarier leur dynamique. Si des levées de vulpins et de ray-grass sont malgré tout observées, il est conseillé pour la campagne suivante de ne pas implanter de céréales d’hiver, mais de poursuivre cette stratégie de rupture soit avec un second maïs, soit avec une autre culture de printemps. La parcelle sera nettoyée sans pénaliser la rentabilité à l’échelle de l’exploitation agricole. Ce levier « double culture de printemps » dans la rotation sera testé cette année sur Herbinnov avec le maïs. Le retour sur investissement sera également mesuré.