LE MAG DU BIOCONTRÔLE - ÉPISODE 11. Comment les allemands voient le biocontrôle ?

Au cours des épisodes précédents, nous avons vu que la question du biocontrôle était une thématique importante en France. Trouver des solutions naturelles alternatives aux produits phytosanitaires est un enjeu majeur pour l’agriculture de demain. Cette semaine, dans le Mag du Biocontrôle, nous nous sommes rendus au salon Agritechnica, à Hanovre, en Allemagne, pour observer comment cette question est envisagée par nos voisins Outre-Rhin.

Agritechnica est le plus grand salon européen du machinisme. Organisé par la DLG (Société Allemande d’Agriculture), elle met en avant les avancées des véhicules agricoles. Tracteurs surpuissants, moissonneuses batteuses toujours plus larges… Difficile de penser que dans ce temple allemand des machines XXL, des entreprises viennent aborder la question du biocontrôle. Dans cette édition du Mag, vous découvrirez que, chez nos voisins allemands, le rapport aux solutions naturelles n’est pas tout à fait le même que chez nous.

Une alternative qui met du temps à trouver sa place

La logique allemande est assez différente de la vision française sur le biocontrôle. En effet, la réflexion sur des solutions naturelles venant remplacer les produits conventionnels découle plus d’une quête de la performance que d’une conscience environnementale. Ce qui peut expliquer que sur Agritechnica, les exposants sur le biocontrôle étaient très rares. Pourtant, ce ne sont pas les idées innovantes qui manquent : objets connectés, produits biologiques, micro-organismes… Nous avons pu rencontrer des entreprises qui abordent déjà ces nouvelles solutions.

Klaus Erkle, expert à la DLG nous révèle que « le biocontrôle est une vraie voie en termes de méthodes de produits mais qui n’est pas encore très connu en Allemagne, notamment chez les agriculteurs ». Avant d’ajouter : « les cultures les plus importantes ici sont le blé, le maïs et la betterave sucrière. Et sur ces cultures, les méthodes de biocontrôle ne sont pas très présentes ».

Deux innovations à la pointe de la technologie

Pour autant, les start-up allemandes ne sont pas en retard en matière de biocontrôle. Nous avons pu découvrir deux dispositifs de pointe.

Le premier consiste en un système de piégeage connecté qui permet de prévenir et contrôler les invasions d’insectes sur vigne et arboriculture. Développé par l'entreprise Trapview, elle capture les insectes et les prend en photo. Les données sont ensuite envoyées sur le Cloud pour être traitées. Ainsi, des insectes peuvent être directement reconnus, comme la mouche Drosophila suzukii (sur vigne), ou la Carpocapse (sur pommes et poires). La grande valeur ajoutée de ce dispositif est la présence d'une station méteo + GPS, qui va analyser en temps réel et selon la météo la pression parasitaire qui s'exerce sur les cultures.

Le second projet est une solution biologique pour grandes cultures. Rezo Omdivar, scientifique pour Boku Bioinformatics, nous a présenté son produit fongicide combinant 6 micro-organismes. Ces derniers entrent directement en compétition avec le champignon Fusarium, un des ravageurs les plus destructeurs dans les cultures céréalières. La solution agit juste avant la floraison, période la plus fragile du blé pour la fusariose.

Petit à petit donc, les solutions de biocontrôle arrivent en Allemagne, avec des innovations prometteuses pour les cultures.