Tour de plaine, comment évaluer le niveau de salissement des parcelles de blé en sortie d’hiver ?

Faut-il envisager une intervention herbicide en ce début d'année 2023 ? Des observations à la parcelle permettent d’évaluer les niveaux d'infestation et l’efficacité des applications d’automne pour les parcelles ayant déjà été désherbées. Les tours de plaine réalisés régulièrement de janvier à début mars sont indispensables pour évaluer le salissement des parcelles. 

Les semis de céréales se sont globalement déroulés dans de bonnes conditions cet automne 2022. Un climat doux, assez humide en octobre et début novembre a favorisé des levées rapides des céréales, et des interventions herbicides pour 75 % des hectares selon le panel ADquation, en pré-levée et/ou post-levée précoce. De bons niveaux d’efficacités des herbicides sont attendus en plaine. A date, 25% des blés n'ont pas encore été désherbés. 

Janvier à début mars correspond à la bonne période pour scruter ses parcelles, évaluer leur niveau de salissement et le potentiel de nuisance des adventices observées. 

Evaluer le salissement de ses parcelles

Avant d’envisager une intervention en sortie d’hiver, il est nécessaire d’évaluer le niveau de salissement de ses parcelles. Suivant le salissement observé (espèces d’adventices, nombre/m²), la nuisibilité directe et indirecte peut être très variable. Selon Arvalis-Institut du Végétal, le seuil de nuisibilité directe indique le nombre de pieds par m2 qui engendrent plus de 5 % de perte de rendement. Il s’agit d’un repère, le potentiel pouvant varier en fonction du type de sol, de la conduite de la culture et de la météo.

Par exemple, 25 à 30 ray-grass par m² peuvent entraîner une perte moyenne de rendement de plus de 5 % en laissant dans le sol 75 000 à 250 000 graines par m² pour les cultures suivantes ! Pour obtenir une bonne idée de la nuisibilité, des observations doivent être faites à plusieurs reprises entre janvier et début mars sur l’ensemble des parcelles.

 

La clé d’entrée pour le désherbage de sortie d’hiver est la densité et la nature des graminées observées. Néanmoins, les levées de dicotylédones peuvent se révéler dominantes s'il n'y pas eu de désherbage à l'automne. Evaluer la flore et ses différents stades, pour déterminer le seuil de nuisibilité des adventices reste capital.

En l'absence de désherbage à l'automne, intervenir tôt

Si les seuils de nuisibilité sont atteints, le désherbage est à envisager avec des produits adaptés (flore, résistance) au plus vite : mieux vaut intervenir tôt dans le cas des graminées comme des dicots. 

Les plantes jeunes, moins vigoureuses, sont plus sensibles à l’effet des herbicides.

Viser le début de la reprise de la végétation :
- Graminées : avant la fin du tallage de l’adventice.
- Dicotylédones : avant leur stade 4 à 5 feuilles.

Désherber avant la fertilisation azotée, dès que les conditions climatiques favorables sont réunies et les sols ressuyés.

Et les parcelles désherbées à l'automne ?

Globalement, c’est avec l’arrivée des premiers froids vifs que se révèle le niveau d’efficacité des produits d’automne. Fin janvier et début février sont donc les bonnes périodes pour finaliser son diagnostic. Dans ce cas, vulpins, ray-grass ou autres matricaires, véroniques et coquelicots difficiles à contrôler sont peut-être passés à travers les mailles du filet. Une nouvelle intervention au printemps avec des produits adaptés (flore, résistance) est dans ce cas nécessaire pour finaliser le travail initié à l’automne.

« En cas de désherbage réalisé à l'automne, la présence de plantules en tout début d’hiver ne signifie pas forcément l’échec du programme. Les symptômes prouvant la dégénérescence des plantules peuvent se manifester plus tardivement en fonction des modes d’action, de la douceur du climat ainsi que de la sensibilité et du stade de développement de la flore au moment du traitement. »

Gestion des résistances et combinaison de pratiques agronomiques

Pour Magalie Devavry, suivant le niveau d’infestation observé dans les parcelles et le niveau de résistance avéré aux produits de printemps, un rattrapage au printemps peut être préconisé. Le niveau de résistance dans la parcelle aux produits de printemps (ALS et/ou ACCase) aura pu être évalué en amont à l’aide d’un diagnostic de résistance comme Herbisecur. Ce diagnostic à la parcelle permet de raisonner au mieux sa stratégie de désherbage

« Pour une gestion durable du désherbage à l’échelle de la rotation, il est indispensable d’intégrer de la diversité : dans ses pratiques culturales, dans sa rotation, dans les matières actives utilisées. Cette diversité reste la clé d’un désherbage réussi. Parmi les méthodes que nous avons expérimentées dans nos plateformes agronomiques qui marchent bien et dont les bénéfices sont reconnus : le labour tous les -3-4 ans, le décalage de la date de semis et l’allongement de la rotation. Ces leviers permettent de diminuer le stock semencier dans les parcelles, et d’intervenir sur des parcelles presque « propres » : désherbage mécanique, choix variétal, ou encore semis sous couverts ont pu démontrer leur intérêt suivant les conditions pédoclimatiques rencontrées. »

NUISIBILITÉ DIRECTE ET INDIRECTE ?

La nuisibilité directe correspond à la compétition engendrée par une adventice sur la culture pour accéder aux ressources en eau, lumière, minéraux. La nuisibilité indirecte correspond à l’entretien du stock semencier de la parcelle en semences d’adventice par la production de nouvelles graines issues des plantes restantes après le désherbage. La nuisibilité indirecte peut également impacter la qualité de la récolte (ergot, datura,….).

Nuisibilités par adventice :