Stade G1 du colza, décisif pour protéger contre mycosphaerella et sclérotinia
Le stade G1 du colza, marqué par la chute des premiers pétales, reste le moment clé pour positionner le fongicide contre le sclérotinia et mycosphaerella. Le point sur les dernières recommandations de Terres Inovia.
Longtemps cantonnée au grand Ouest, la maladie de fin de cycle du colza, mycosphaerella, gagne du terrain. En 2024, des foyers ont été confirmés en Champagne, une zone désormais conquise par le pathogène. « Nous estimons que 400 000 hectares de colza pourraient être concernés dans les prochaines années, soit un tiers de la sole française », alerte Gwénola Riquet, responsable de la gestion des maladies chez Terres Inovia.
Cette maladie de fin de cycle s’installe dès février, favorisée par l’humidité et des températures douces. Après avoir atteint les feuilles, le champignon enchaîne les cycles et touche les autres organes, dont les siliques. Conséquence, les siliques infectées ne transfèrent plus les nutriments, ce qui réduit le rendement et le poids de mille grains. Dans les essais deTerres Inovia menés entre 2022 et 2024, la perte moyenne atteint 3,9 q/ha. En 2024, la nuisibilité grimpe même à 4,3 q/ha, avec des pics localement plus élevés.
Une protection encore limitée sur le plan agronomique
Face à ce pathogène en expansion, les leviers agronomiques restent peu efficaces. Le champignon persiste sur les résidus végétaux. De fait, leur broyage et enfouissement pourraient limiter l’inoculum. Cependant, cette pratique culturale est difficilement généralisable à l’échelle d’un territoire. Quant au levier variétal, encore peu exploré, il montre une forte variabilité entre essais, sans qu’un profil clairement tolérant puisse être identifié en 2024 dans les essais de Terres Inovia. Dès lors, « la protection fongicide demeure aujourd’hui la seule option réellement efficace pour freiner la progression de la maladie », constate Gwénola Riquet. Reste à bien positionner cette intervention.
Le stade G1 : pivot stratégique de la protection
C’est au stade G1 – au moment de la chute des premiers pétales, lorsque les dix premières siliques de la hampe principale mesurent moins de 2 cm – que tout se joue. Ce stade est clé pour lutter contre sclérotinia et mycosphaerella. « L’occurrence du sclérotinia étant impossible à prédire, et son impact souvent très élevé, il est impératif de conserver une application préventive au stade G1 », rappelle Terres Inovia. Dès lors, un traitement fongicide à large spectre permet d’agir sur les deux maladies.
Propulse, appliqué au stade G1, est une solution pilier que l’institut technique Terres inovia préconise pour protéger le colza contre le sclérotinia, mycophaerella et les autres maladies secondaires. Cette intervention s’anticipe dès le début de la floraison au stade F1. Selon les conditions météo 6 à 12 jours séparent ces deux stades, soit environ 100°C en base. En cas de présence bien visible de mycosphaerella au moment du traitement, une dose de Propulse à 1l/ha est recommandée. Si l'humidité persiste, un deuxième traitement à base de triazole est à prévoir 10 à 20 jours plus tard.
À noter : les essais menés en 2022 et 2023 révèlent que des stratégies simples – une seule application à G1 – s’avèrent aussi efficaces, en rendement, que des programmes à deux passages, même si elles réduisent moins la fréquence des taches sur feuilles. « Il n’y a pas de lien clair entre efficacité visuelle sur feuilles et gain de rendement », insiste l’institut technique.
Une surveillance à renforcer, un outil d’aide à venir
Si mycosphaerella semble partie pour s’installer dans les zones continentales, les travaux de recherche se poursuivent. Un projet baptisé MYCO-RISK, lancé en 2025, par Terres Inovia vise à mieux comprendre la dynamique de la maladie et à proposer une grille de risque pour ajuster les interventions.