Mettre moins de produits sur les vignes et mieux les appliquer

Réduire les traitements phytosanitaires ? pour Claude Domert, viticulteur dans le Gers, c'est une conviction. Membre depuis cinq ans du réseau des fermes Déphy mis en place dans le cadre du premier plan Ecophyto, sa motivation dépasse le cadre professionnel.

"C'est à nous de changer l'image de la viticulture !" introduit Claude Domert, viticulteur à Lagraulet-du-Gers. Il livre sa vendange à la coopérative Val-de-Gascogne, la cave de Plaimont, assure la commercialisation. Elle propose notamment l'appellation Côtes de Gascogne. "Nous devons tendre ver le zéro résidu, répondre à la demande des consommateurs", complète t'il. Consommateurs rencontrés lors des foires au vin dans les grandes surfaces: "Le changement de comportement est très net, ils n'hésitent plus à me questionner sur mes utilisations de pesticides", témoigne-t-il. Il place d'ailleurs le respect de la santé de ceux qui travaillent sa vigne et de ceux qui dégustent son vin, ainsi que la préservation de l'environnement bien avant le résultat économique.

Son dernier achat, des panneaux récupérateurs, est révélateur. Avec ce matériel, il se voit deux fois gagnant : "Le produit ne va que sur les feuilles, pas dans l'environnement et j'économise jusqu'à 30% du volume pulvérisé".

« Nous devons tendre vers le zéro résidu, répondre à la demande des consommateurs »

Claude Domert
Viticulteur à Lagraulet-du-Gers

Réduction des doses et biocontrôle

La stratégie de protection de ses 25 hectares de vigne n'est pas pour autant une étape pour se convertir en bio. Cette décision, il l'a prise avec sa fille Lucie. Après son BTS, elle s'est associée avec son père en juin 2018. "Nous voulons être ensemble dans ce changement de modèle de production. Notre choix est de réduire les IFT*, d'utiliser les solutions alternatives si elles existent et de n'avoir recours aux produits conventionnels que si la pression maladie est trop forte ou par sécurité".

En quatre ans, Claude Domert est passé de 20 IFT à 14. Comment ? En ne traitant pas à pleine dose. Et en surveillant de près l'évolution des maladies. Il travaille dans le cadre du réseau Déphy avec la Chambre d'agriculture d'Auch. Le conseiller l'avertit lorsque les tests en laboratoire révèlent la contamination primaire avec la maturation des oeufs de mildiou. "J'interviens rapidement pour bloquer les contaminations, puis selon l'évolution de la pression, je ne suis plus obligé de garder la cadence des 14 jours". 

 * IFT : Indice de Fréquence de Traitement

« Notre choix est de réduire les IFT*, d'utiliser les solutions alternatives et de n'avoir recours aux produits conventionnels que si la pression maladie est trop forte ou par sécurité »

Claude Domert
Viticulteur à Lagraulet-du-Gers

Associer le biocontrôle aux solutions conventionnelles, une voie à suivre

Avec l'oïdium, qui monte en puissance depuis 15 ans, il applique le même raisonnement. "Je ne traite pas systématiquement en préventif, tout dépend des alertes." Son attention se porte depuis deux campagnes sur le produit de biocontrôle Sérénade® pour lutter contre le botrytis. "Je crois en ce type de produit, affirme t'il. En introduisant des solutions de biocontrôle dans le programme conventionnel, je pense que c'est la voie à suivre pour réduire les doses et les résidus". 

Jusqu'à opter pour une utilisation systématique du biocontrôle face à chaque maladie ? "Pourquoi pas, estime t'il. Je suis confiant. Il y a quatre ans je passais mon Certiphyto, et cela a été pour moi le facteur déclencheur, puis tout est allé très vite, tout peut aller très vite. Je suis à l'écoute de toutes les innovations". 

« En introduisant des solutions de biocontrôle dans le programme conventionnel, je pense que c’est la voie à suivre pour réduire les doses et les résidus. »

Claude Domert
Viticulteur à Lagraulet-du-Gers