Herbinnov en régions : vos questions sur le désherbage en grandes cultures

À l’occasion des Herbinnov en régions, évènement annuel dédié aux problématiques de désherbage en grandes cultures, vous nous avez posé un certain nombre de questions. Des interrogations clés sur la rentabilité de vos cultures ou les différents leviers agronomiques que nous avons décidé de réunir sur cette page pour vous fournir des réponses courtes mais précises, s’appuyant sur les expérimentations que nous menons au champ depuis 5 ans.

« Comment gérer au mieux les résistances ? », « Quelle efficacité réelle peut-on attendre des solutions phyto du moment ? », « Quelles leviers agronomiques pour limiter l’utilisation des intrants ? », « Labour ou non labour ? », « Comment gérer le stock semencier ? »… Les questions autour du désherbage et de la rentabilité des exploitations sont récurrentes et nombreuses sur les plateformes Herbinnov. Nous débutons cet article avec deux questions sur le labour et l’efficacité des programmes de désherbage. Nous enrichirons cet article au fil des semaines avec de nouvelles questions collectées pendant les dernières journées d’Herbinnov en région.

QUESTION #1
« Il faut que l’on conserve l’équilibre de nos sols et le labour peut ne pas répondre à cet objectif. Que doit-on faire au final ? Quel est le meilleur compromis entre un labour ou un non labour et à quelle profondeur ? »

Le labour reste un levier efficace pour la maîtrise de la flore adventice, notamment en cas de forte infestation. La plupart des graines d'adventices étant incapables de germer au-delà de 10 cm de profondeur, un labour effectué à 25 cm de profondeur permet d’enfouir jusqu’à 90% du stock de semencier présent en surface et d’enregistrer des gains très significatifs (ex : jusqu’à 65% en ray-grass sur blé tendre d'hiver). Le labour permet aussi de lutter conjointement contre certaines maladies comme la septoriose du blé ou la fusariose.

Encore faut-il éviter de ramener à la surface le stock des graines enfouies l'année précédente. Pour cela, on se base sur un taux moyen annuel de décroissance* du stock semencier de l’ordre de 75% — la plupart des graminées décroissent plus rapidement — pour laisser le temps au stock semencier enfoui d'avoir été quasiment réduit à néant. Un labour sera vraiment efficace si il est réalisé tous les trois ou quatre ans.  Ce rythme permet notamment de limiter un travail trop fréquent du sol et l’impact négatif que cela peut avoir sur la flore microbienne dont dépendent vos cultures.

DÉFINITION

Le TAD ou Taux Annuel de Décroissance des adventices correspond au pourcentage de graines qui disparaissent d'une année sur l'autre

Consultez l'article ci-dessous pour mieux comprendre l’impact du labour sur les principales adventices :

QUESTION #2
« Le blé sur blé, on voit bien que ça ne marche plus ! Il faut allonger les rotations mais malgré cela on peut rencontrer des levées de mauvaises herbes. Comment faire pour les éviter ? »

L’allongement de la rotation avec l’introduction de cultures de printemps, telles que le maïs ou la betterave, permet de casser la dynamique biologique des adventices. Ces cultures reçoivent des herbicides à modes d’action différents, ce qui préserve l’efficacité du désherbage chimique. Si des levées de vulpins et de ray-grass sont malgré tout observées, il est conseillé pour la campagne suivante de ne pas implanter de céréales d’hiver, mais de poursuivre cette stratégie de rupture soit avec un second maïs, soit avec une autre culture de printemps. La parcelle sera nettoyée sans pénaliser la rentabilité à l’échelle de l’exploitation agricole.

Découvrez ce qu’en pensent les agriculteurs venus sur nos plateformes :

QUESTION #3
« En fonction des coûts de désherbage et des différentes mesures agronomiques que l’on peut mettre en place, au final, quelle marge me reste-t-il ? »

Si la marge varie d’une exploitation à l’autre, les tests réalisés sur nos plateformes Herbinnov depuis 2015, sur des assolements Blé – Colza – Blé, montrent bien que la rentabilité par hectare est la plus haute lorsque l’on combine des modes d’action chimiques diversifiés (traitement d’automne et de sortie d’hiver) et les principaux leviers agronomiques disponibles (labour, faux- semis, décalage de la date de semis, rotatation des cultures).

Ci-dessous le graphe compare les différentes stratégies de désherbage et démontre que la marge disponible une fois que l’on a déduit le coût du désherbage est bien plus élevée, dès lors que l’on exploite les trois leviers agronomiques ou que l’on ajoute un traitement à l’automne (+ 1 677 €/ha et + 1 437 €/ha respectivement). Ce gain à l’hectare continue à croître — même si c’est de façon moins spectaculaire — si l’on combine agronomie et chimie (133 €/ha de mieux qu’avec une approche purement agronomique et 373 €/ha de mieux qu’avec une approche uniquement chimique).

Si tout vaut mieux qu’un semis simplifié accompagné d’un seul traitement en sortie d’hiver, l’analyse économique de la rentabilité à l’hectare révèle que c’est la combinaison de l’agronomie et d’un programme chimique diversifié qui reste le plus rentable en grandes cultures.

Pour plus de détails sur l’analyse économique des leviers de désherbage en grandes cultures, nous vous recommandons la lecture de ces deux articles :

QUESTION #4
« Et la qualité de l’eau vis-à-vis des pesticides, le sol ne sert-il pas de "filtre" pour éviter que les matières actives se retrouvent dans les nappes ? »

Seuls 0,03% des captages d’eau potable ont été arrêtés pour non-conformité

Oui, le sol et les micro-organismes qu’il contient participent à la dégradation des matières actives. En France, la qualité de l’eau est très surveillée. On comptabilise plus de 11 million d’analyses par an.

96%* des nappes sont en conformité avec les 54 critères de potabilité définis par le code de santé publique. Les 4% dépassant les seuils réglementaires ne représentent pas un risque pour la santé humaine et sont la conséquence de différents facteurs tels que les conditions météo, le type de sous-sol (plus ou moins perméable), les conditions d’application, etc.


*Source : « La qualité de l’eau du robinet en France – Synthèse 2015 » Direction générale de la santé (DGS), décembre 2016

« Quel est le seuil de détection de ces matières actives dans l’eau ? »

Le seuil de détection des matières actives dépend des propriétés physico-chimiques des substances actives. Il peut y avoir des facteurs de 10, 100 voire 1000 entre les seuils de détection. D’une manière générale, les matières actives comme d’autres substances sont soumises à des seuils réglementaires très stricts.

« La base de toxicité des molécules est-elle la même ? »

Tout est toxique, même l’eau, c’est une question de dose. « Tout est poison, rien n'est poison : c'est la dose qui fait le poison » citation du célèbre alchimiste Paracelse.
Néanmoins chaque molécule a une toxicité propre qu’elle soit d’origine naturelle ou chimique.