Esca, Eutypiose et BDA : pathogènes complexes et très nuisibles

Jouer la carte de l'agronomie et de la prophylaxie Pour limiter la propagation des maladies du bois, nombre de précautions sont à prendre dans la conduite de la vigne : mode et date de taille, contrôle de la fertilisation, de l'alimentation en eau. En cas de contamination avérée sur un vignoble, des arrêtés préfectoraux peuvent être pris pour arracher et détruire les ceps concernés. Pour que les maladies du bois s'expriment, un certain seuil d'inoculum est à atteindre, d'où la nécessité d'éviter les surcontaminations. Pour éviter l'évolution de l'ensemble du complexe parasitaire, des mesures, agronomiques et prophylaxiques peuvent être mises en place.

Symptômes

Les maladies du bois de la vigne, présentes dans tous les vignobles français, regroupent sous un même terme plusieurs maladies : l’Esca, l’Eutypiose et le BDA (Black Dead Arm).  

Plusieurs agents pathogènes sont responsables de l’Esca : Phaemomoniella chlamydospora, Phaeocremonium aleophilum, Formitiporia mediterranea, Eutypa lata et Stereum hirsutum. Sur feuilles les symptômes apparaissent en juillet. La forme lente de la maladie conduit à des décolorations entre les nervures des feuilles de la base puis de l’ensemble des rameaux. Un dessèchement rapide du pied, en quelques jours voire quelques heures, peut se produire : c’est ce qu’on appelle l’apoplexie (ou la forme apoplectique). Sur bois, l’Esca se repère par des nécroses (zones de tissus morts) sectorielles ou centrales présentant une zone claire et tendre (amadou) entourée d’une zone brune ou brun rose.

Les symptômes de l’Eutypiose (Eutypa lata) débutent en mai, sur les parties aériennes. Les rameaux sont dès lors rabougris et la végétation, en retard. Les feuilles sont « bronzées », nécrosées et déformées, avec des dégâts sur les pousses et les fleurs. Sur bois, les symptômes se présentent sous la forme d’une nécrose sectorielle brune et dure.

Pour le BDA, plusieurs agents pathogènes sont également impliqués : Botryosphaeria obtusa, B. parva, B. stevensi et B. dothidea. Les souches touchées présentent sur bois, une bande externe de couleur jaune à orange visible après enlèvement de l’écorce. Sur feuilles, la forme sévère de la maladie entraîne une défoliation rapide avec une possible atteinte des fleurs ou des fruits et ce, dès la fin du mois de juin. La forme lente du BDA induit des taches entre les nervures des feuilles de la base des rameaux : taches rouges puis couleur « feuille morte ».

Nuisibilité

La nuisibilité de ces maladies est réelle partout en Europe. En France, 40 à 50% du vignoble est atteint et 2 viticulteurs sur 3 sont concernés. Les parcelles atteintes sont de plus en plus attaquées : en moyenne 10 à 15% de pieds touchés. Présentes une année, elles peuvent rester discrètes la campagne suivante et avoir un impact sur la qualité et la quantité de la vendange de la récolte d’après. D’où la difficulté d’établir une représentation exacte de leur présence dans un vignoble précis.

Impact économique

Souvent sous-estimé, l'ordre de coût moyen réel lié à la seule plantation est de plus de 2 000 €/ha*, auquel il faut ajouter un impact important sur la productivité lié à des pertes de rendements et de qualité.

Contamination

La biologie et l’épidémiologie de ces maladies sont encore mal connues, notamment pour l’Esca et le BDA dont les symptômes sont difficiles à reproduire au laboratoire.

Il est néanmoins reconnu que les blessures de taille constituent une des principales voies de pénétration des champignons dans le cep notamment en conditions hivernales douces et pluvieuses. La date de la taille aurait quant à elle son importance : recourir à des tailles tardives, pendant les pleurs, limiterait les risques de pénétration des agents pathogènes. Le délai entre la taille et la contamination dépend alors des conditions climatiques.

La biologie et l’épidémiologie de ces maladies sont encore mal connues, notamment pour l’Esca et le BDA dont les symptômes sont difficiles à reproduire en laboratoire.

L’évaluation du niveau de contamination au vignoble est difficile. En effet, se présentent à la fois des ceps sains, des ceps contaminés mais sans symptômes, des ceps contaminés avec symptômes foliaires et des pieds avec des symptômes d’apoplexie. En moyenne, 10 ans sont nécessaires entre la contamination et l’extériorisation des symptômes de la maladie.

Solutions

Les viticulteurs peuvent mettre en place une stratégie globale de lutte contre les maladies du bois basée sur :

  • La plantation de plants sains
  • Des mesures prophylactiques ( élimination de pieds ou ceps morts et modification des techniques de taille)