Désherbage durable en situation de forte infestation vulpins, quels résultats ?

Seule la combinaison des mesures agronomiques et des programmes herbicides ont permis de détruire durablement les vulpins résistants sur la plateforme Herbinnov Nord située dans la Somme. Avec 98 % d’efficacité pour le meilleur des itinéraires de désherbage, le rendement et la propreté de la parcelle sont assurés.

Groupe d'agriculteurs écoutant les conseils d'un expert désherbage et pulvérisation

Cinq leviers agronomiques ont été travaillés sur la plateforme Herbinnov Nord, près de Roye (Somme) : le labour tous les 3 ou 4 ans, le décalage de la date de semis du blé, le faux-semis, le désherbage mécanique et le semis sous couvert.

Pour Sarah Fatmi, l’ingénieure technique qui pilote la plateforme, « le témoin est très chargé, avec 900 pieds de vulpins par m2, au point que certaines des modalités d’essais n’ont même pas pu être récoltées ! ».

Photos comparant un témoin très chargé en vulpins au mètre carré et un témoin propre grâce à décalage de la date de semis, faux-semis, labour et double automne

Les blés ont versé, submergés pas les vulpins, alors que d’autres parcelles ont montré de bien meilleures performances. Face à un tel niveau d’infestation, quel est l’enseignement principal ? Quelle est l'option la plus performante de cette plateforme ? La réponse : combiner toutes les options !

L'essentiel à retenir

Labour, faux-semis, puis décalage de la date de semis suivi d’un programme automne et une reprise en sortie d’hiver conduisent à 98 % d’efficacité sur une flore très difficile. Le décalage de la date de semis et le faux-semis sur le bloc labouré avec la même base chimique ont permis de gagner 37 q/ha .

Stratégie désherbage en complément de l’agronomie, l’efficacité des programmes automne et sortie d’hiver :

Quatre programmes de désherbage ont été expérimentés sur l’ensemble des leviers agronomiques : 

  • Le double d’automne montre un niveau d’efficacité acceptable avec 95% de vulpins détruits.
  • Le programme d’automne Fosburi® + partenaire repris par un passage avec Atlantis®Pro + Actirob® apporte le meilleur rendement et la meilleure efficacité. 98% des vulpins sont éliminés.
  • Le programme avec un passage uniquement en sortie d’hiver se révèle insuffisant sur cette parcelle où la résistance des vulpins aux ACCase et ALS est avérée.

Dans le cas d’une infestation très importante en graminées, le gain net en quintaux par rapport à un itinéraire classique sans aucun levier agronomique, mais avec le même traitement chimique, est de 37 q/ha. Sur cette parcelle sensible aux ALS en sortie d’hiver, la stratégie programme puis sortie d’hiver se montre supérieure au programme double automne.

+ 37 q/ha
pour un même programme chimique mais avec des leviers agronomiques en plus
Histogramme illustrant l’efficacité d’un désherbage associant programmes herbicides d’automne et sortie d’hiver

À noter : une levée de folle-avoine et de bromes a été observée en sortie d’hiver. Le rattrapage a eu un effet sur cette flore et sur les quelques repousses de vulpins. Il explique en grande partie la différence de 5 points entre la modalité double automne et le programme automne plus sortie d’hiver.

Et le désherbage mécanique ?

Difficile de conclure sur l’impact du désherbage mécanique. Il affiche en fonction des modalités plus ou moins cinq points d’efficacité d’écart avec l’itinéraire classique labouré. Les conditions de mise en œuvre n’étaient pas optimales car il a plu après l’intervention de la herse-étrille, ce qui a favorisé le repiquage des vulpins. Pour éviter un résultat contre-productif, la mise en œuvre de cette technique doit s’effectuer par temps sec. Dans ces conditions, le repiquage et les nouvelles levées ne seront pas favorisés.

« Le programme automne + sortie hiver, conduit dans l’itinéraire avec labour, prouve que la combinaison des mesures agronomiques et d’une stratégie de désherbage s’avère indispensable pour sortir durablement d’une situation de contamination aux vulpins difficiles. Non seulement, elles permettent de gagner en rendement mais elles vont également contribuer à la réduction du stock de semences sur le long terme. Le faux-semis ainsi que le décalage de la date de semis seront réitérés pour les prochaines campagnes. »

Sarah Fatmi
Ingénieur conseil, cultures et environnement