Biocontrôle en protection fongicide du colza : les réponses à vos questions

Retrouvez toutes les réponses aux questions posées lors de notre webinar Culture Champs, intitulé "Protection fongicide - Biocontrôle et colza : ça marche !".

Les solutions naturelles sont un véritable enjeu pour les agriculteurs en grandes cultures. Afin d'aborder la problématique du biocontrôle en protection fongicide du colza, nous avons invité la chercheuse en phytopathologie Marie-Pascale Latorse pour animer un webinar sur cette thématique.

N"hésitez pas à visionner le replay du webinar (vidéo ci-contre) ..De quoi parle-t-on ? Comment ça marche ? Comment je les utilise ? Quelles limites ? Quels enjeux ? ...

En complément, vous pouvez également découvrir le témoignage de Pierre-Edouard Bossuyt, agriculteur dans l'Eure, qui nous explique comment il a réussi à diversifier sa stratégie de protection colza avec des solutions de biocontrôle.

.. et retrouvez ci-dessous toutes nos réponses à vos questions sur la protection naturelle du colza :

  • Comment fonctionne les solutions de biocontrôle en protection fongicide du colza ?
  • Quelle efficacité ?
  • Quel coût ?
  • Et quid des solutions naturelles contre les ravageurs et adventices ?

Protection naturelle du colza : mode d'action et recommandations

« Combien de produits existent-ils aujourd'hui et combien demain ? »

« Aujourd’hui, environ dix solutions existent et sont efficaces sur le marché. »

« Etant donné l'utilisation plutôt en préventif des produits de biocontrôle, comment faut-il réagir aux conditions climatiques pendant la floraison du colza qui peut durer 1 mois ? »

« Une floraison dure généralement environ 15 jours, les traitement fongicides sont recommandés à la chute des premières pétales. Pour les cas de floraisons très longues, certains agriculteurs font un deuxième traitement dans le cas d'une pression maladie forte. »

« Dans le cadre de la lutte contre le sclérotinia du colza, faut-il faire un diagnostic du potentiel infectieux de l'année à la parcelle ou celui fait au niveau du BSV suffit ? »

« Bien sûr, un diagnostic régional c'est mieux que rien et cela donne l'alerte sur les périodes de risque quand les conditions climatiques sont favorables au sclérotinia et à la sensibilité du colza. Si les parcelles sont hétérogènes en terme de risque par rapport à leur historique, un diagnostic à la parcelle permettra de décider plus précisément la nécessité d'intervenir avec une solution conventionnelle, de biocontrôle ou mixte. »

« Lorsqu'on protège le colza avec un produit de biocontrôle contre le sclérotinia, qu'en est-il pour les autres maladies ? Est-ce que le fongicide de synthèse à demi-dose suffit pour maintenir une protection jusqu'à la fin du cycle du colza ? »

« Cela dépend du mécanisme d'action du biocontrôle et du/des principe.s actif.s responsables de l'efficacité. S'il s'agit des solutions à base de Bacillus amyloliquefaciens, souche QST 713 disponibles aujourd'hui sur le marché , ce sont des lipopeptides (gratons lyonnais) qui, comme des clous de différentes tailles et formes dispersées sur la chaussée, vont crever la chambre à air des roues des véhicules qui se trouvent à passer. Il s'agit d'une action mécanique de crevaison et non pas une action de blocage enzymatique après pénétration du principe actif dans le champignon pour le tuer. Ainsi ce MOA biochimique n'est pas spécifique d'un champignon donné.

Pour autant, l'effet va dépendre du cycle infectieux du champignons et du temps de contact en surface de la plante traitée. Les lipopeptides ne rentre pas dans la plante pétales ou feuille : ce sont des produits de contact. Si la croissance mycélienne du champignons est très rapide, il faudra beaucoup de petits trous pour agir. Ce MOA nous amène aux recommandations de traitement préventif, un bon recouvrement et d'évolution de la pression maladie faibles à modérée. Dans ce cas, la réduction de la dose du produit conventionnel garantit une protection jusqu'à la fin du cycle. Ce sont ces conditions environnementales en périodes sensibles qui sont déterminantes. »

« Quelle est la durée de vie des lipopeptides ? »

« La durée de vie des lipopeptides (huile + peptides qui constituent la tête du clou) est garantie 2 ans dans le bidon dans des conditions normales (température d'un local phyto sans mettre au frigo). Sur plante, ce sont des produits de contact résistants aux UV, également au lessivage dans la limite des produits de contact conventionnels. »

« Quel est le mode d'action de coniothyrium minitans ? »

« C'est un champignon qui boulotte les sclérotes de Sclérotinia qui ne peuvent plus fructifier pour produire les ascospores infectieuses qui se déposent sur les pétales de colza, germent et entrainent les dégâts de pourriture blanche. Les sclérotes peuvent avoir plus de 10 ans de durée de vie dans les sols contaminés. Coniothyrium minutans réduit cet inoculum et réduit la pression maladie. »

L'efficacité des produits de biocontrôle

« Comment peut-on faire pour avoir de bonnes évaluations des produits de biocontrôle sachant que les références sont toujours des conventionnels haut de gamme ? »

« Dans les programmes d'évaluation, on ne compare pas les produits de biocontrôle aux produits conventionnels. Ils sont comparés par rapport à une efficacité. L'évaluation des produits de biocontrôle se fait donc en comparaison avec des témoins non traités et non pas en comparaison à des références de conventionnel de haut de gamme. »

Le coût des solutions de biocontrôles

« Comment inciter les agriculteurs à utiliser d'avantage des produits de biocontrole quand le gain net, notamment pour Rhapsody®, est inférieur à une seule application de Propulse® (0.5 ou 0.8L/ha) ? »

« Il faut de l'accompagnement (formation, explications MOA, démo, échanges d'expériences). Le prix est une limite mais il s'explique par les investissements en fermenteurs pour les microorganismes, ou les extractions pour les substances naturelles quand les mélanges de principes actifs sont complexes. »

« Vous dites que l'action du biocontrôle doit aussi se juger sur la qualité de la récolte (réduction résidus), image sociétale, etc... Cela pose la question de la rémunération des productions sur ces "nouvelles qualités" ? »

« Aujourd'hui, le prix n'est pas minime, alors qu'on ne peut pas garantir une efficacité du même ordre que les produits de synthèse. Le prix se justifie parce que la production demande une très grande technicité, sur la fermentation, la stabilité du produit, la qualité de la pulvérisation... Cela étant, en jouant sur le bon positionnement, et en fonction de la pression maladie et des conditions climatiques, vous allez pouvoir réduire le nombre d'application du conventionnel. À terme, il faudra jouer sur les labels pour pouvoir valoriser l'augmentation du prix du produit auprès du consommateur. »

Des solutions naturelles contre les ravageurs du colza ?

« Comment lutter contre la mouche du semis dans le colza ? »

« Il existe une solution pour les cultures sous serre (Steinernema Nématodes carnivores) qui est très efficace en serre contre la mouche des semis présente dans les terreaux. Par contre, l’extrapolation au champ n’est pas évidente (conditions climatiques et coût/ha). »

« Y-a-t-il des solutions de biocontrôle contre les altises ? »

« Non pas à notre connaissance. »

Vers une protection herbicide du colza ?

« Peut-on imaginer des solutions de biocontrôle pour lutter contre les adventices ? »

« On peut avoir des solutions de biocontrôle parmi les substances ou les extraits de certains végétaux, qui peuvent être herbicides. Une bactérie, un champignon, peut avoir des effets phytotoxiques qui pourraient éventuellement jouer comme herbicide. L'acide pélargonique par exemple, composé d'huiles végétales de différentes origines, est dans la liste des herbicides de biocontrôle. »

« Existe-t-il des solutions de biocontrôle pour réduire les doses d'herbicide foliaire en désherbage colza ? »

« Chez Bayer, nous n’avons pas de projet identifié en herbicides biocontrôle colza. »