Nouvelles technologies, des applications concrètes, dès aujourd’hui
En matière de nouvelles technologies, les utilisations concrètes sont d’ores et déjà légion et présentent de réels atouts. Lors de l’Université Bayer, le 4 février à Marne-la-Vallée, six partenaires de l’agriculture sont venus présenter leur perception de la digitalisation du monde agricole et leur offre de services en la matière. Des applications du futur, aujourd’hui dans les champs.
Romain Faroux, directeur commercial d’Airinov
« Les drones sont de véritables outils d’investigation »
Les drones sont employés en agriculture pour cartographier en détail les variations de biomasse fraîche ou sèche dans une parcelle cultivée. Grâce au logiciel AgroSensor qu’Airinov a développé avec l’Inra, les cartes donnent un indicateur du niveau de nutrition azotée. L’objectif est d’apporter un conseil en fertilisation ajusté. Créée en 2010, la société Airinov est désormais leader européen des drones employés en agriculture. Elle propose aux organismes stockeurs un service d’analyse des données recueillies après chaque vol d’engins. Avec l’application Agridrone, Airinov assure une mission de tour de contrôle pour les 50 agridronistes membre de son réseau d’observation. Chacun d’entre eux peut suivre de 8 000 à 10 000 ha. Pour Romain Faroux, l’un des créateurs d’Airinov, d’autres fonctionnalités apparaissent pour les conseillers agricoles. Une donnée drone devient bien plus précieuse lorsqu’elle est associée à une donnée rendement et à un type de sol. Il s’appuie sur une prestation que la société a effectuée pour le compte d’un semencier. « En suivant l’évolution de la biomasse dans les essais, les zones moins vigoureuses ont été repérées très tôt. En les reliant aux résultats de rendement, les raisons d’éventuels décrochages sont plus faciles à expliquer », précise-t-il. Prévoir par exemple le moment où les panicules vont se former en suivant la dynamique du cycle végétatif du maïs est un moyen d’être alerté de l’imminence de cette période critique.
Plus de 5 000 agriculteurs ont déjà fait appel aux services d’Airinov, 100 000 hectares ont été survolés par les drones en 2015 et près de 10 000 vols ont été enregistrés. « Et pas besoin de les déclarer à la gendarmerie », insiste-t-il.
Sébastien Lafarge, directeur marketing et communication chez Isagri
« Les objets connectés simplifient le travail de l’agriculteur. »
Isagri travaille avec plus de 60 000 agriculteurs et 20 000 comptables en mode collaboratif. L’agriculture connectée fait partie de son cœur de métier. Toutefois, pour Sébastien Lafarge, directeur marketing et communication, collecter des données, développer des algorithmes et utiliser des outils connectés ne suffit pas. « Les données récupérées dans le cloud doivent être de qualité, les algorithmes pertinents et l’application mobile ergonomique, intuitive. Il estime qu’en agriculture, le potentiel de développement est important : 200 000 agriculteurs français et 1 million en Europe. Déjà 40 % ont un smartphone, ratio qui grimpe à 60 % en grandes cultures. » Il avance un autre chiffre clé : 365 ! C’est le nombre de jours pour lesquels les agriculteurs consultent et parlent de météo. Ce qui a incité la société à développer sa propre station - Météus - connectée à une application mobile. Grâce aux nouvelles technologies, l’agriculteur simplifie son organisation du travail, gagne en efficience lorsqu’il traite ou fertilise ses parcelles. « Les données collectées par les capteurs et le mât météo sont envoyées tous les quarts d’heure, dans toutes les zones où l’on capte la télévision », complète Sébastien Lafarge. Et dès le matin, une synthèse de la nuit est envoyée. Ces informations sont complétées par une analyse prévisionnelle à neuf jours. Les données améliorent la précision d’un OAD qui utilise des paramètres climatiques, elles alertent si les conditions sont requises pour un traitement bas volumes.
Loïc Lepoivre, responsable Support commercial Europe pour John Deere
« Optimiser les travaux agricoles, de la préparation du sol à la récolte »
« Notre objectif est d’apporter de la valeur ajoutée à nos tracteurs », précise Loïc Lepoivre, venu présenter MyJohnDeere.com. Ce portail agricole, accessible à tous à partir de n’importe quel appareil doté d’une connexion Internet, est dédié à la gestion de tous les travaux réalisés sur une parcelle : préparation du sol, semis, fertilisation, protection des cultures et récolte. En matière d’agriculture de précision, John Deere propose, outre ses offres de guidage et de contrôle des outils, différents modules de gestion : MyMachineConnect, MyJobConnect et MyFieldConnect. Ils connectent respectivement les machines, les travaux et les parcelles. MyJohnDeere.com est le centre des opérations. Il affiche le suivi géographique des matériels, les limites des champs travaillés, les cartes de rendement... Il permet entre autres de planifier les interventions en fonction des conditions météorologiques sur les parcelles.
Les modules de gestion offrent quant à eux la possibilité de gérer la flotte de matériels, d’obtenir les données de performance des machines, d’assister les chauffeurs et de réaliser des diagnostics à distance, de coordonner les équipes, de planifier les travaux, de transférer des données pour établir les facturations et les rapports. « Plus besoin de papier, de crayon, pas de perte de documents : toutes les informations sont synchronisées sans saisie manuelle », souligne Loïc Lepoivre. Le module MyFieldConnect permet quant à lui d’optimiser la gestion des intrants, de partager des données avec les conseillers, entrepreneurs ou clients. « Nous avons la volonté de rester ouverts et travaillons avec d’autres sociétés, comme Sulky, par exemple, pour la gestion connectée des engrais (Connected nutrient management). Enfin, MyJohnDeere.com est compatible avec toutes les marques. »
Tiphaine Varon, responsable Développement des outils et services chez Yara
« Le pilotage de la fertilisation azotée grâce aux nouvelles technologies répond aux enjeux de qualité, de respect de l’environnement et de rentabilité »
55 % des blés français sont exportés Alors que les cahiers des charges exigent un taux de protéines à 11,5 %, la moyenne des blés collectés en France ne dépasse pas 11 %. Quels sont les leviers pour les agriculteurs ? « L’agriculture de précision est l’une des réponses pour ajuster les apports d’engrais en fonction des objectifs de rendement et de protéines », explique Tiphaine Varon, de Yara. La société propose N-Sensor, un outil de modulation intraparcellaire en direct embarqué sur l’épandeur. Plus de 100 organismes stockeurs utilisent ce service en France. La prestation comprend le plan prévisionnel de fertilisation, la prise de commande, l’évaluation de la dose nécessaire avec la pince N-Tester, l’épandage modulé du dernier apport d’azote avec N-Sensor, la restitution des cartes de l’état de nutrition et d’épandage à l’agriculteur.
L’ensemble est suivi grâce à l’application mobile Go Sensor. Le négociant Ternoveo propose depuis 2012 ce service à ses clients afin d’homogénéiser le taux de protéines. En 2015, plus de 8 000 ha ont été pilotés avec l’outil de Yara. « Grâce au N-Sensor, le bénéfice net est de 106 €/ha (186 €/ha en 2014), 0,2 point de protéines ont été gagnés (+ 0,6 % en 2014) et le bilan environnemental ressort amélioré avec 21 kg N/ha d’économisés », conclut Tiphaine Varon.
Repousser les limites du possible
Deux ateliers ont permis aux participants des Universités Bayer 2016 d’appréhender le potentiel des innovations, de se projeter en 2020 !
- Celui animé par Smag a mis en évidence les gains de temps pour un technicien muni de lunettes 3D connectées aux bases de données parcellaires : plus besoin de saisie ! Les observations sont instantanément enregistrées par reconnaissance vocale. Grâce à l’impression rétinienne et à la réalité augmentée, les informations apparaissent en surimpression dans le champ de vision. Smag mettait également en avant sa solution Atland, pour centraliser et gérer les données de l’exploitation.
- Sur le second atelier, l’entreprise 3D Tech présentait ses imprimantes 3 D. Grâce à ces outils, toute pièce cassée pourra immédiatement être recréée, en lien avec les instructions du constructeur.