Idée reçue n°4 : « La solution ? Développer des filières qui promettent au consommateur des aliments sans résidus ! »

La recherche d’une gestion toujours plus responsable de la protection des cultures est préférable à celle du zéro résidu. Cette notion est en effet toute relative, au regard des progrès des méthodes d’analyse.

Avec des analyses de plus en plus sensibles, la recherche du zéro résidu est une course sans fin…

En trente ans, les méthodes d’analyse ont énormément progressé. Elles permettent aujourd’hui de quantifier des niveaux de résidus jusqu’à 100 fois plus faibles qu’en 1980. La notion de résidu est donc bien relative.

Quantifier avec une méthode validée

Pour donner un ordre d’idée, une LMR de 0,01 mg/kg équivaudrait à 4 morceaux de sucre dans une piscine olympique

Une molécule quantifiée aujourd’hui à 0,01 mg/kg n’aurait pas été détectée vingt ans auparavant. Les méthodes d’analyse s’affinent de jour en jour et détectent à présent des quantités infinitésimales de matières actives.

Prenons l’exemple d’un fongicide, le fluopyram (ici sur haricots qui protège contre le sclérotinia et le botrytis).

Sa limite de détection (LD), soit la quantité de résidus la plus faible qui puisse être détectée, est de 0,003 mg/kg. Ce résultat seul n’est pas interprétable. Il faudra s’appuyer sur la limite de quantification (LQ), soit la quantité de résidus la plus faible qui puisse être quantifiée, pour laquelle la méthode a été validée qui est, elle, interprétable.

Dans notre exemple, cette LQ est de 0,01 mg/kg pour une limite maximale de résidus (LMR) de 1 mg/kg.

Les filières dites sans résidus : une démarche à risque

Pour des raisons d’image/de différenciation, les filières qui promettent des aliments sans résidus se développent mais ne sont pourtant pas sans risque :

  • Elles peuvent entraîner une perte de qualité sanitaire (et donc un risque pour le consommateur), visuelle, organoleptique et technologique.
  • Elles conduisent à une moindre maîtrise de la protection des cultures et peuvent entraîner des pertes de production et de revenu pour le producteur.
  • Elles limitent le nombre de solutions à disposition du producteur, ce qui, dans un contexte de raréfaction des matières actives, peut favoriser les résistances des bioagresseurs.
  • Elles sont difficilement tenables en années climatiques difficiles et peuvent conduire à des impasses techniques. 
  • Elles réduisent les bassins d’approvisionnement en supprimant la possibilité de recourir à certaines solutions de protection des plantes.
  • Elles peuvent, en cas de non-respect de cet engagement, si relayé dans les médias, conduire à une perte de confiance des consommateurs.

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