Le drainage : enjeux, encadrement

Pratique agronomique réglementée, le drainage a été développé à partir des années 1980 pour stabiliser le potentiel de rendement des sols agricoles hydromorphes. Explications et bilan des surfaces.

Définition

Le drainage : Ensemble des opérations ayant pour objectif la suppression des excès d'eau ou de sels dans des terrains trop humides ou salés, agricoles ou non. Le drainage est majoritairement souterrain.

L'assainissement agricole : Evacuation des eaux regroupées naturellement ou à la suite du drainage, jusqu'au réseau hydrographique naturel.

Un gain de productivité pour l’agriculture française

À savoir

Le drainage agricole permet de limiter les impacts des excès d’eau hivernaux sur les rendements agricoles et maintenir une économie agricole plus stable.

Les surfaces drainées en France représentent 2,9 M ha en 2010 soit 10 % de la Surface agricole utile (SAU). En 1980, un grand plan national a été lancé par le gouvernement pour drainer les sols agricoles saturés en eau en hiver.
L’objectif : accroître la production agricole en stabilisant les rendements. À cette époque, la mise en place des quotas laitiers impliquaient de trouver d’autres sources de revenu du côté des grandes cultures. Le rythme de conversion des sols hydromorphes a été soutenu pendant dix ans avec 120 000 ha équipés de drains par an grâce à un plan d’aides pour tomber à 10 000 ha par an de 2000 à 2005. La technique de drainage, le calcul de l’écartement et de la profondeur ont été conçus par l’Inra et le Cemagref (Irstea) à partir d’une centaine de zones de référence correspondant à la quasi-totalité des territoires hydromorphes.

Le drainage est un enjeu agronomique conséquent pour l’activité agricole car un sol gorgé d’eau empêche la circulation de l’air, prive les racines d’oxygène, bloque leur croissance et interdit toute entrée des machines dans les parcelles. Le potentiel de rendement des cultures peut être divisé par deux. Sur 10 M ha de sols hydromorphes en France, 2,9 M ha sont drainés dont 83 % par tuyaux enterrés, 11 % par fossés, 6 % en ponctuel. L’écartement moyen des drains est de 12 m en France, pour une profondeur moyenne de 90 cm.

Miroir des pratiques agricoles

Avec la montée en puissance des enjeux environnementaux, le drainage peut aussi être considéré comme un moyen de suivre l’évolution de la qualité de l’eau. Il reflète les pratiques agricoles sur un bassin versant à travers les analyses effectuées sur les prélèvements d’eau au niveau des exutoires.

« Le drainage est un témoin des pratiques agricoles, l’agriculteur est acteur »

Julien Tournebize
Ingénieur chercheur Irstea

Une pratique encadrée par la loi sur l’eau

Le drainage est soumis à la réglementation. Cet encadrement assure le respect des milieux aquatiques, tout en tenant compte des exigences agronomiques, la cohérence entre la nature du sol et le besoin en drainage. La loi sur l’eau de 1992 instaure différents type de dossiers administratifs avant l’acceptation des travaux. Pour toutes surfaces cumulées sur l’exploitation, si l’ensemble drainé (drains enterrés seulement) ne dépasse pas 20 ha ; aucune demande n’est nécessaire. De 20 à 100 ha, les travaux sont soumis à déclaration, au delà, à autorisation.
Les réseaux de drainage évacuent l’eau vers le réseau hydrologique naturel, avec un impact potentiel sur le fonctionnement hydrologique de l’hydrosystème.

Focus

Les apports du drainage à la parcelle :

  • Augmente l'aération du sol
  • Favorise l’infiltration donc diminue le ruissellement de surface
  • Abaisse le niveau de la nappe superficielle
  • Diminue le temps de résidence de l’eau dans le profil du sol
  • Augmente le volume d’eau de lessivage
  • Atténue les débits de pointe à l’exutoire des parcelles drainées (en fonction de la profondeur initiale de la nappe)

Mais peut impacter la qualité de l’eau.