Désherbage céréales : le traitement d'automne

Après avoir abordé la rotation et les conduites culturales dans les précédentes étapes, il est temps de réfléchir au programme herbicide et tout particulièrement au traitement d’automne. Mais face à une pression de sélection des mauvaises herbes de plus en plus forte, il est impératif de faire les bons choix. Voici donc des repères pour vous y aider.

Alterner les modes d’actions face au développement de la résistance

Les résistances continuent de se développer en céréales. Les individus résistants sont présents de manière naturelle dans les parcelles, en très faibles fréquences. Ils sont sélectionnés par l’utilisation non-raisonnée des herbicides. L’herbicide ne crée pas la résistance ; il n’en est que le révélateur en sélectionnant les mauvaises herbes résistantes qui préexistent à l’état naturel.

La solution : alterner/diversifier les modes d’actions au sein de la rotation et au sein de la culture. Il est important de traiter une même mauvaise herbe avec des modes d’actions différents dans la rotation afin de ne pas sélectionner les individus résistants. Le désherbage d’automne a pour intérêt d’utiliser des herbicides avec des modes d’actions alternatifs par rapport aux solutions de sortie d’hiver. Sur notre plateforme d’essais Herb’innov, nous testons chaque année différents programmes dans la rotation.

Bayer s’engage : la classification HRAC est désormais inscrite sur les bidons des herbicides grandes cultures.

Prévenir précocement l’apparition des adventices avec Fosburi®

« Il y a eu un transfert du désherbage du printemps vers l’automne, car les modes d’action sont différents entre automne et hiver. A l’automne, ce sont des racinaires en pré-levée ou en post-levée précoce. »

Fabien Bellet
Ingénieur Technique – Région Centre

1. Nettoyage précoce des parcelles pour préserver le rendement

Lorsque la céréale lève, le ray-grass et le vulpin, graminées particulièrement nuisibles, commencent généralement aussi à lever. C’est pourquoi il vaut mieux les contrôler dès l’automne pour éviter qu’elles ne concurrencent la culture au moment où se mettent en place les composantes du rendement. Ainsi, intervenir à l’automne, dès le stade 1 feuille de la céréale, permet de sécuriser le désherbage et de viser la meilleure efficacité.

2. Maîtrise des dicotylédones dès l’automne

La gamme des solutions anti-dicots va se restreindre à l’avenir en raison de la réglementation imposée. La gestion des dicots, dès l’automne, va donc devenir une priorité sur de nombreuses parcelles. Fosburi® est efficace sur graminées et sur les 6 dicots les plus pénalisantes économiquement et visuellement.

3. Gestion du risque résistances

Les matières actives de Fosburi® (FFA et DFF) participent à l’alternance des modes d’actions en désherbage céréales. En classification HRAC, le mode d’action du DFF est F1 (inhibition de la biosynthèse des caroténoïdes au niveau de la phytoène désaturase (PDS)) et celui du flufénacet est K3 (inhibition de la division cellulaire (VLCFAs)). Ces deux matières actives n’ont pas encore été touchées par la résistance en France. Elles limitent ainsi les problématiques de résistance sur graminées. Fosburi® préserve ainsi l’efficacité des herbicides sur le long terme.

4. Efficacité sécurisée à l’automne

Fosburi® est un produit complet anti-graminées et anti-dicotylédones y compris sur gaillet dès l’automne. Fosburi® peut s’utiliser à la pleine dose, en mélange et/ou en programme pour s’adapter à la situation de la parcelle. Cependant son efficacité est améliorée à la pleine dose de 0,6 l/ha. Cette dose est donc à privilégier dans la pratique et surtout en situation complexe.

Positionner Fosburi® en programme pour gagner en puissance

Un programme, c’est une intervention à l’automne suivie d’une application en sortie d’hiver avec des produits à modes d’action différents.

Automne

  • limiter la concurrence
  • maintenir un bon potentiel de rendement
  • diversifier et modifier les modes d'action

Sortie d'hiver

  • Viser le 100 %
  • Contrôler les lèves d'adventices
  • Rentabiliser les investissements

« Dans les situations complexes, une fois l’agronomie mise en place, la règle d’or c’est une base programme avec 1 ou 2 traitements à l’automne selon la problématique, puis une sortie d’hiver le plus tôt possible quand les conditions climatiques le permettent sur adventices jeunes. En situation de résistance aux ALS – ACCase, il faut prioriser le double automne et intégrer de l’agronomie en sachant que l’on est complètement tributaire des conditions climatiques car les modes d’action sont racinaires. Dans nos essais, avec un double automne cette année, on a fait 90% d’efficacité dans une situation très difficile. »

Éric Dabouineau
Ingénieur conseil cultures et environnement

Stratégie de désherbage d’automne et de programme

Selon la situation de la parcelle et son niveau d’infestation, Fosburi® peut s’utiliser à la pleine dose, en mélange et/ou en programme pour obtenir le meilleur résultat. En cas de forte infestation, il est recommandé d’intervenir à l’automne et en sortie d’hiver avec des produits à modes d’action complémentaires.

Résultats d’essais des programmes à Herb’innov

Sur la plateforme d’essais Herb’innov, en situation avérée de résistance sur ray-grass, divers leviers agronomiques et chimiques ont été testés.

Conclusion

  • Les conduites culturales et l’agronomie sont des leviers puissants. Leur utilisation successive et/ou combinée apporte les meilleurs résultats.
  • Avec ou sans stratégie agronomique de désherbage, les programmes ont un avantage de +30% d’efficacité par rapport à la modalité sortie d’hiver solo.
  • Grâce aux programmes, le rendement est préservé et la pression adventices réduite sur le long terme.

Bien utiliser les produits pour améliorer l’efficacité

Plus un herbicide est mal utilisé (sous-dosage, mauvaises conditions d’utilisation, non-respect des stades), plus vite les adventices résistantes vont apparaître et progresser. Pour permettre au produit d’exprimer toute son efficacité tout en préservant l’environnement, il est indispensable de respecter un certain nombre de règles.

À L'AUTOMNE

  • Humidité superficielle du sol (1ers cms).
  • La préparation du sol doit faire l'objet d'une analyse au cas par cas, en fonction de la situation eau. L'efficacité et la limitation du ruissellement demandent des préparations de sol différentes, le choix devra être mesuré en fonction des priorités de la parcelle.
  • Absence de mottes, résidus, cailloux.
  • Stade d’utilisation : 1 à 3 feuilles.

EN SORTIE D'HIVER

  • Bonne hygrométrie (>60%).
  • Faible amplitude thermique (<15°C), en particulier sans gel. Si une augmentation des températures moyennes est annoncée (>5 °C) dans les 5 jours qui suivent l’application, c’est le bon moment pour traiter.
  • Absence de pluie dans les heures suivant le traitement.
  • Stade jeune des adventices avant BBCH 29 (fin tallage) - adventices en croissance.
  • Le bon adjuvant pour le bon produit.

ET DE MANIÈRE GÉNÉRALE

  • Pulvérisateur bien réglé et respect d’une zone non traitée de 5 m par rapport aux points d’eau.
  • Buses anti-dérives. Respect des doses recommandées. Ne pas sous-doser.

Préserver la qualité de l’eau

Le désherbage d’automne peut contribuer aux transferts de phytosanitaires par drainage et ruissellement. Définir son programme de désherbage à la parcelle, c’est aussi prendre en compte la présence de drain, la proximité au cours d’eau, la texture du sol, sa réserve utile, la sensibilité à la battance et les périodes de saturation du sol.

« Au niveau environnement et réglementaire, ça devient compliqué. On nous enlève pas à pas des outils. Il y a moins de solutions chimiques et les restrictions augmentent. Il faut travailler de nouvelles approches sur vulpin : repenser l’utilisation du chlortoluron en tenant compte des contraintes sols drainés et des variétés tolérantes. Il faut donc agir avec ce que l’on a et c’est un vrai challenge. »

Un panel de bonnes pratiques peut être mis en place pour préserver la qualité de l’eau et éviter les transferts par ruissellement. En voici quelques-unes. Sur sols limoneux, on évitera par exemple un lit de semence trop fin qui favorise la battance des sols et le ruissellement de surface. Un grand nombre de passage et une vitesse importante participeront à produire de la terre fine. Pour limiter les transferts par drainage ou ruissellement par saturation, positionner le traitement en fonction de la période d’écoulement des drains. Le labour permettra également de diminuer les transferts par drainage.

Le DVP (Dispositif Végétalisé Permanent) a été introduit pour mieux maîtriser les risques de transferts des substances par ruissellement vers le milieu aquatique. Le besoin d’alterner les modes d’action amènera à choisir des produits qui nécessiteront un DVP de 20m. Ce DVP pourra prendre plusieurs formes : bandes enherbées, haies, fascines… Pour une meilleure efficacité des dispositifs végétalisés permanents pendant les périodes propices aux transferts de phytosanitaires, une implantation dense sans court-circuit sera recherchée. On évitera également de rouler dessus pour ne pas entamer sa capacité d’infiltration.

Pour limiter les risques de transferts par drainage, des phrases réglementaires ont été introduites pour encadrer les applications sur parcelles drainées. Certains produits sont interdits, d’autres ne sont plus applicables sur parcelles drainées au-delà de 45% d’argile. Ce taux d’argile s’évalue à l’aide d’une analyse granulométrique avec décarbonatation. Par ailleurs, pour les parcelles nouvellement drainées, il est obligatoire de mettre en place des bassins de rétention ou des zones humides intermédiaires, entre la parcelle et le cours d’eau, afin d’éviter le rejet direct dans les eaux superficielles. Une bonne combinaison des mesures de gestion, c’est un bénéfice à long terme pour une meilleure qualité de l’eau et un désherbage d’automne préservé.