Quelles mesures de gestion adaptées aux parcelles drainées ?

Présentation des pratiques agronomiques pour agir préventivement contre le risque de pollutions diffuses. Des mesures semi-curatives comme l’installation de zones tampons humides les complètent efficacement.

Pour limiter le risque de pollutions diffuses, les sols drainés sont gérés comme des parcelles possédant des sols superficiels, vulnérables à la lixiviation.

Les actions sont d’abord préventives avec la maîtrise de la fertilisation azotée et des traitements phytosanitaires, la couverture permanente des sols.

Par exemple, une forte réduction des transferts de molécule par ruissellement est observée dans les parcelles conduites en non labour par rapport à celles labourées. Néanmoins, les pratiques de cultures simplifiées nécessitent le recours plus fréquent au glyphosate pour désherber. En parcelles drainées, le décalage des dates d’application en fonction de l’état de saturation du sol est une option possible.

Dans certains cas, les seules modifications de pratiques ne peuvent résorber les quantités de molécules exportées par la parcelle.

Les actions semi curatives complètent ces mesures. L’objectif est d’agir en zone de sortie de tuyaux en prenant en compte les chemins de l’eau dans les parcelles.

Avis d'expert : les zones tampons humides, un double enjeu agro-environnemental

« Dans les zones de culture intensive, non seulement les zones tampons limitent le transfert des contaminants jusqu’à 60 % d’efficacité mais elles s’inscrivent en cohérence avec la loi de biodiversité. Un vrai atout agro-environnemental. Au-delà de l’intérêt pour la qualité de l’eau, ces zones tampons permettent de structurer les paysages et de les rendre plus résilients. »

Julien Tournebize
Ingénieur chercheur Irstea

Les zones tampons humides, une solution complémentaire aux bonnes pratiques et non un permis de polluer !

Afin de préserver la qualité de l’eau, le groupe technique Zones Tampons, co-animé par l’Irstea et l’AFB (ex ONEMA) et réunissant de nombreux organismes, a pu mettre en évidence que « consacrer quelques pourcentages de la surface d’un bassin versant à des zones tampons permet de diminuer de façon significative l’impact de l’agriculture sur la ressource en eau. Les surfaces dédiées et types de zones tampons sont à adapter en fonction du contexte pédo-agro-climatique et du fonctionnement hydrologique du bassin versant.

Ces zones tampons peuvent être des bandes enherbées en bordure de cours d’eau, des haies, des zones tampons humides comme des mares, des lagunes avec des végétaux filtrants pour réduire les phénomènes de ruissellement, érosion et épurer les eaux des fertilisants et produits phytosanitaires.

Suite aux expérimentations conduites par Irstea sur sols hydromorphes drainés, une limitation du transfert des nitrates vers les eaux de plus de 50 % a été constatée si 4 % de la surface cultivée est consacrée aux zones de filtration. Pour les molécules phytosanitaires, ces taux sont en cours d’analyse, mais dans le cadre d’une expérimentation menée à Rampillon dans la Brie sur une exploitation sur sols drainés, ce taux est de 37 % avec une zone humide représentant 0,15 % de la SAU et placée au point de convergence des collecteurs. Pour les nitrates, on pourrait obtenir 32 % d’efficacité avec 1 % de zone tampon.